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L'Europe et Barbie et Fukuyama et les communistes et la guerre et...

Ni vraiment pamphlet, ni vraiment essai, fiction certes, mais sérieusement ancrée dans le réel ou en tout cas dans ses représentations, le petit opuscule de Patrik Ourednik, édité en France par les nécessaires éditions Allia, est comme son sous-titre l’indique « une brève histoire du XXe siècle ».


Le narrateur télescope les événements sans scrupule, n’hésitant pas à accoler Barbie et la grippe espagnole, Dieu et internet ou encore la shoah et la TSF. A la manière d’un XXe siècle qui a été une évolution violente en terme d’accès à l’information, pas toujours triée, pas toujours hiérarchisée, pas toujours comprise, le bouquin de l’auteur tchèque nous mets face aux contradictions de siècle, totalitaire et positiviste à la fois, ayant vu se côtoyer le pire et le meilleur dans des domaines tellement variés que depuis la première guerre mondiale à la chute du mur les contemporains ont pu avoir l’impression, nécessairement confuse, d’être lancés à toute vitesse au milieu d’un maelstrom insensé, sans aucune idée de comment tout cela allait bien pouvoir se terminer.


Et c’est d’ailleurs le sens de la phrase finale en référence à Fukuyama : « Mais beaucoup de gens ne connaissaient pas cette théorie et continuaient à faire de l’histoire comme si de rien n’était ». Pied de nez bien sûr, et rappel au titre du livre : « brève histoire ». Car si l’étude du schmürtz global qu’a été le siècle dernier nous montre une dispersion et une accélération certaine, elle se moque aussi de certaines théories définitives, et reprend à son compte dans la structure des influences de la période.
Le côté écriture en vrac par « l’idiot », l’accumulation de « et » sans aucun sens a priori, qui donne parfois l’impression d’être confronté à un enfant hypermnésique racontant sa journée à ses parents, sauf qu’ici la journée dure un siècle et que le gamin a plus ou moins correctement assimilé une pelleté de notions pas toujours évidentes et les balance en dépit du bon sens, offre une forme de compréhension intéressante de l’impossibilité de dégager un sens à cette fameuse « histoire » et donc d’être capable d’en appréhender une éventuelle fin.


Cette question de la fin est d’ailleurs présente à plusieurs moments dans le texte, depuis les analyses sur les fascistes et les communistes d’un côté, plutôt au début de la période donc (et donc éparpillées au sein du texte qui ne suit pas non plus de logique temporelle) jusqu’à la fameuse référence finale.


C’est intelligent, ça questionne notre rapport aux certitudes, à la vérité, à l’épistémologie et c’est drôle et vachard souvent, entre les didascalies donnant l’illusion du sens et les rapprochements de faits et d’idées improbables. C’est définitivement à lire, et ça donne furieusement envie de pousser dans la bibliographie de l’auteur.

CorwinD
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le 19 mai 2015

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CorwinD

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