Un livre intime, que la justice ne va pas aimer
Un livre publié à compte d'auteur pour un auteur par ailleurs publié et respecté (il se cache à peine), cela suppose que le thème soit dérangeant. En effet, c'est dérangeant. Sans doute parce que l'opinion n'accepte toujours pas que les caves se rebiffent.
Dans la vie, la part est belle aux tueurs et truands de haut ou bas vol, elle ne l'est jamais pour les victimes. Ce livre est le témoignage d'une partie civile confrontée à un monde judiciaire qui méprise la victime jusqu'à la sanctionner.
L'auteur donne le ton : il ne s'agit pas de prendre parti pour un camp, mais bien de remettre en cause le parti pris de la justice et, surtout, ses perversions au détriment de tous : « victime ou condamnable, peu importe ». Selon lui, rien ne justifie aujourd'hui le maintien et le fonctionnement d'un système issu du Moyen Âge, pensé pour une société élitiste et archaïque où la logique de religion faisait loi. Il n'y a rien d'insurmontable à revoir la copie de nos « antiquailles » juridiques. Mais le culte du mépris érigé en principe régulateur a la peau dure...
Le livre, qu'on peut qualifier de recueil, est conçu comme une compilation ou chaque chapitre est indépendant. On y trouve pêle-mêle des extraits de journal intime, des reproductions de courriers aux autorités (ça vaut le détour !), des réflexions pamphlétaires sur l'institution et ses acteurs, notamment les avocats et procureurs qui en prennent pour leur grade (sorte de mur des cons façon vérités argumentées, à ceci près que l'auteur, lui, a toute légitimité pour ses propos).
Certains trouveront ce livre injurieux, excessif, non constructif, d'autres y liront la dénonciation audacieuse d'une institution enfin révélée pour ce qu'elle est : génératrice de haines, de fiascos, de complexifications, de peurs, d'incohérences et de bassesses. On peut reprocher à l'auteur de ne pas consacrer un chapitre à ce qu'il faudrait changer. Ce serait toutefois omettre que la critique induit la proposition, par le fait qu'elle implique l'inverse de ce que l'on dénonce. Ce serait aussi attendre du témoignage d'une victime qu'il change le monde, alors que le propos est de prévenir pour mieux se défendre. Enfin, ce livre ne cherche pas à fédérer : il est un document, un appui à l'ouverture du débat.
Touchant, choquant, courageux, inattendu, cynique mais avec brillance et talent de plume, et facile à lire (120 pages).
Voir la présentation sur http://festin-de-haines.e-monsite.com