Comment ça je manque de vocabulaire ? Certes. Je crois qu'il va falloir que je remette mes idées en place avant d'écrire un avis digne de ce nom. Lire un roman de fantasy qui est une histoire "vraie" à la base, une sorte de biographie de deux femmes d'exception, ça fait un peu bizarre...


Je n'ai pas trop compris la postface. Je n'ai pas ressenti ce dont parle Levenson à propos de Xinran, je cite "elle aligne, par le truchement de ses personnages, presque tous les préjugés, les idées reçues, les malentendus ayant cours en Chine à propos du Tibet. Et le résultat se dessine peu à peu sans fioritures : ce regard d'une arrogance sans doute inconsciente crée un certain malaise, parce qu'imprégné de cette suffisance colonialiste que nous connaissont trop bien, ce complexe de supériorité à l'égard des autres tous considérés comme des barbares."
Oui, certes, mais c'est pour mieux les remettre en question, du moins pour ma part c'est ainsi que je l'ai perçu. Pour le coup je trouve que c'est cet auteur de postface qui le devient, suffisant et supérieur, d'une façon assez lourde.


On nous parle quand même d'une femme chinoise qui abandonne tout (certes contrainte et forcée par le hasard) pour vivre "adoptée" selon le mode de vie de nomades tibétains, qui finit par vivre comme eux, adopter leur coutume, leur spiritualité, dans une solitude absolue au début puisqu'elle ne parle pas le tibétain. Et sans doute y retourner. Ou est la supériorité dans tout ça ? Excusez-moi mais moi aussi, les "funérailles célestes" me paraissent complètement barbares vue de mon petit bout de lorgnette, même si ma raison me dit que dans l'environnement où ces gens vivent c'est complètement "logique". Suis-je "hautaine" et me sens-je supérieure pour autant ? je ne crois pas, non.


L'histoire s'arrête brutalement, en plus. Xinran n'a pas cherché de "fin heureuse", à broder des retrouvailles dont elle ne sait rien, elle a juste rapporté ce qu'on lui avait raconté. Avec son point de vue de chinoise, bien sûr, mais je défie n'importe quel écrivain d'écrire un bouquin non emprunt de sa culture, de son environnement et des préjugés dans lesquels il a toujours baigné. Qu'on reproche cela à Xinran parce qu'elle est chinoise ne me paraît être qu'un préjugé de plus de la part d'un occidental qui porte son regard d'occidental ( et je l'ai perçu comme "supérieur", moi, ce regard, fort désagréablement) sur une culture qu'il aura beau étudier dans tous les sens, jamais il n'en aura la perception de quelqu'un né dedans. Point fin.


Bref, cette postface m'aura un brin gâché le bouquin, j'aurais pas du la lire.


A part ça, tout le reste du bouquin est une quête grandiose, dans un décor grandiose, vécu par des hommes et des femmes pas tout à fait comme tout le monde, parce que leur courage est assez énorme...
C'est écrit comme on se parle, comme on vous raconte sa vie le soir au coin d'un verre, simplement. C'est écrit avec un cœur gros comme ça et une envie de connaître l'autre là où il est. C'est une ode à l'amour, à la fraternité, à la compréhension, au sacrifice, aussi, car quand Wen découvre enfin après 30 ans le destin de son mari, c'est juste "grand". C'est un foutu bouquin sur l'humanité de l'humain, de ceux qui me font rêver parce que je n'y crois plus mais que j'aurais envie d'y croire encore...


Et vous savez pas quoi ? Je l'ai enviée, cette femme qui a vécu plus de 10 ans de sa vie sans rien savoir du monde autour. Bon sang... Alors que je sais que je n'aurais pas bien supporté le mode de vie de cette famille qui l'a adoptée, où tout n'est que question de nécessité.
Mais je me demande ce que ça peut faire, de vivre sans horloge, sans âge, sans nouvelles, sans attache véritable sauf sa famille, d'être juste préoccupé de survie et de prière. Un récit tout à fait étonnant, tourneboulant. Questionnant.


Enfin pour ceux qui ne le regardent pas de haut en disant "boalala tous ces préjugés chinois sur les tibétains, c'est navrant de naïveté..."
Groumpf.


Moi j'aime être naïve, j'aime rêver, je me suis complètement laissée emporter par ce récit. Je l'ai même trouvé trop court. Mais elle ne nous livre que ce qu'elle a eu...


Découverte superbe que je dois au défi ABC Babelio.

Valerie_Freefounette
9

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Créée

le 16 avr. 2016

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Valerie Tatooa

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