Paul Marcus s’essaie à la biographie croisée.
Sans être un échec, cet ouvrage reste à la surface des choses, ne s’attachant qu’aux parcours de vie, rarement aux idées. Les faits sont peu abordés dans leur entièreté.
Il y a quelque part une tentative de jeux des sept différences dans ces portraits croisés. L’auteur essaie de mettre en lumière les points d’accord entre les deux géants ainsi que les quelques points de désaccord théoriques et formels.
D’une manière générale, on peut saluer l’intelligence du découpage et le relatif équilibre des chapitres. On peut également reconnaître les valeurs littéraires sobres de l’auteur qui, dans son style extrêmement épuré, rend la lecture agréable.
En revanche, on regrette l’absence de contextualisation profonde, le manque de références et de notes en bas de page, d’éléments approfondis dans certains domaines même si de nombreuses sources sont citées sans pour autant être automatiquement référencées. On peut aussi remarquer que l’équilibre entre les portraits n’est pas automatique et qu’une certaine disproportion existe – sans doute induite par la durée de la vie de Clemenceau. De même, une forme d’affection semble faire pencher l’auteur pour le Tigre.
La mise a distance critique est quelques fois relative puisque l’auteur semble qualifier Clemenceau comme le seul et véritable homme d’Etat alors que Jaurès semble être cantonné au statut d’homme politique idéaliste. Les annexes, indications bibliographiques et biographiques sont appréciables et variées, de qualité également.
Malgré ces qualités, on ne peut guère encourager à une lecture répétée.