Un roman psycologique... au rythme escargolesque !

Autant j'avais adoré Paule du bouchet dans Chante, Luna et 7 nouvelles de guerres, autant là ben... j'ai été un peu déçue. Les fréquents retours dans le passé pour raconter la rencontre des parents ou autres donnent certes de la profondeur à l'histoire et permettent de mieux comprendre la psyclogie des personnages, mais il ne font pas avancer l'intrigue, loin de là. Toutes ces petites informations sensées expliquer la situation présente finnissent par donner l'impression que plus rien n'avance. On vit dans le passé. En fait, on sait ce qu'il se passe dans le présent qu'à travers les nombreuses lettres que les héros s'envoient en permanence, ce qui, en plus de ne rien arranger niveau rythme, nous éloigne encore plus de l'histoire.
Je m'explique : on n'a jamais droit à des " Amalia regarda sa mère, et eu soudain envie de la gifler " - bon, je l'admets, l'exemple est excessivement naze, mais vous voyez ce que je veux dire.
L'action présente, lorqu'il y en a une, est presque toujours rapportée. Il n'y a jamais de dialogues et on ne voit que rarement les personnages intéragir les uns avec les autres dans l'immédiat, se parler, s'engueuler, penser. Surtout que ces 2 points : les fréquents retours dans le passé et les échanges épistoliers sont assez mal agencés, et donnent une impression de fouillis dans l'histoire.

En plus du rythme escargolesque je dois avouer que le personnage d'Amalia m'a gravement tapé sur les nerfs. Elle est égoîste, parfois snob, indifférente à la souffrance des autres et à leurs amour pour elle. Et le pire, c'est qu'alors que je bouillais de rage en lui trouvant tous les défauts du monde, l'auteure, à travers les autres personnages vantait sa beauté, sa particularité, son calme, son intelligence.
Supportable uniquement grâce à ces autres personnages, justement, comme Gisèle sur qui Amalia vomit quotidiennement son malheur sans JAMAIS prendre conscience de sa tristesse à elle ( comme lorsqu'elle lui pique son rôle : aucun remords, aucune gêne, incomprhésension totale ; madame est au contraire indignée du silence de son amie blessée ).


Bref j'ai quand même trouvé quelques qualités à ce roman : d'abord l'écriture, qui comme dans les précédents livres qui m'avaient fait chavirer est fluide, sans lourdeur, simple mais riche, juste, car l'auteure arrive à mettre les mots précis sur chaque impression, chaque sentiment. L'histoire aussi est très riche ( attention, histoire ne veut pas dire intrigue ), on est devant un véritable portrait psycologique d'une famille complexe, décrite sur plusieurs générations, et qui nous informe sur une époque, une societé, un état d'esprit différent.
Un apport sociologique également intéressant et très divers puisqu'il décrit à travers les personnages les différentes classes sociales de l'époque : Angèle, la mère d'Amalia, fille de sage-femme, paysanne à peine lettrée pétrie de sagesse populaire qui prépare des pots de confiture et prescrit à sa fille des remèdes de grand-mère mais qui rêve pourtant de devenir quelqu'un.
Le père d'Amalia, italien immigré après la seconde guerre mondiale quand le pays avait besoin de main d'oeuvre, forrain placide sans port d'attaches et pourtant doté d'un puissant esprit de famille, communiste sans y avoir vraiment réfléchi.
Gisèle, la diva, la jeune femme ambitieuse, éduquée, folle de cinéma et des soirées mondaines des années 50/60, insouciante, en phase avec son époque, qui se réjouit de l'arrivée de la machine à laver et de la nouvellle star BB.
Et enfin Malia, férue de culture, de réflexions philosophiques, de modernité, en rupture totale avec le monde de ses parents et qui représente cette jeunesse affranchie des traditions et de l'inculture, cette fille de l'école ouverte à tous qui prouve qu'on peut être différent de ses parents, que la naissance n'est pas une fatalité... et qui en vient à être en conflit avec ses origines.
Bon SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER idée un peu tempérée puisqu'au final Amalia est si différente de ses parents... ben c'est parce qu'ils ne sont pas ses parents en fait. Déception donc, car pour moi cela veut dire qu'au final, il y a une certaine fatalité des origines. Dans le genre : l'éducation ou le milieu dans lequel elle a grandit n'ont rien changé au fait qu'elle était dès le départ prédestinée génétiquement à être hypra intelligente et à faire de grandes études, comme ses parents biologiques. Je sais pas qui je m'exprime clairement mais j'avoue que ça m'a légèrement désapointée, même si ça apporte un peu d'action à l'intrigue.

Et puis Nicolas Goulinev, l'arisocrate russe en exil, l'intellectuel théâtreux qui malgré une vie de bohême reste emprunt des traditions aristocratiques russes...

Ce roman raconte la manière dont nos origines nous influencent, notre héritage familial dont on cherche constamment à se détacher mais qui forge finalement notre identité, ce que nos parents peuvent nous apprendre, nous apporter, mais aussi les blocages, les peurs qu'ils peuvent reporter sur nous, comme la grand-mère d'Amalia, sage-femme, qui a abandonné sa fille à l'entrée de sa vie de femme avant de pouvoir lui transmettre ses secrets, sa connaissance, ce qui rendit Angèle stérile et profondément perturbée.

Bref un roman très fin mais peu addictif.
Selma
7
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le 9 sept. 2013

Critique lue 391 fois

Selma

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