Comment ne pas éprouver une certaine méfiance devant un roman écrit "à la manière de", comme Johannesburg de Fiona Melrose, directement inspiré de Mrs Dalloway de Virginia Woolf ? Et aussi de la curiosité, fatalement, lorsque les souvenirs de ce dernier livre se sont estompés avec le temps. Johannesburg, ouvrage circadien et polyphonique, se déroule le jour de l'annonce de la mort de Nelson Mandela, le 6 décembre 2013. Non que cette triste nouvelle ait un impact sur les différents personnages du roman mais elle permet à Fiona Melrose de créer une atmosphère douloureuse et de rappeler l'histoire récente de l'Afrique du Sud. Ils sont nombreux les protagonistes de ce livre choral et l'auteure passe de l'un à l'autre sans transition, ne consacrant à aucun un chapitre entier. La fluidité du récit en souffre car comme souvent dans ce type de roman car tous les personnages n'ont pas des personnalités égales et la frustration nait de ce que les plus intéressantes ne sont pas aussi développées que le lecteur le souhaiterait. L'équilibre est instable alors même que l'on sent bien que Fiona Melrose souhaite privilégier deux portraits : celui de la jeune artiste "exilée', revenue fêter le 80ème anniversaire d'une mère qui ne la comprend pas et celui d'un sans domicile fixe qui manifeste chaque jour après avoir été blessé par balle. Les pensées les plus intimes de ces deux-là et de quelques autres (dont un chien !) nous sont livrées par le menu et, même si le style de la romancière est remarquable, il y a un moment où ces états d'âme deviennent répétitifs et, surtout, brident sérieusement l'imagination. Difficile, dans ces conditions, si l'on aime plutôt une littérature qui suggère plus qu'elle ne souligne, de prendre un plaisir intégral à la lecture de Johannesburg.

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le 1 févr. 2020

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