Une jolie histoire, entre road-trip et roman psychologique

Dans ce roman, paru aux Etats-Unis en 2010 et traduit en français en 2012, Kerry Reichs met en scène Maeve, une jeune femme d’environ 25 ans. Cette dernière vient de terminer ses études sur le tard, et elle ne sait pas vraiment quoi faire de sa vie. Pour la pousser à se prendre en main, ses parents lui annoncent sa décision de ne plus la soutenir financièrement…le jour-même où elle se fait licencier de son travail de serveuse ! Ni une ni deux, Maeve se fixe un objectif : elle va faire le marathon de Los Angeles prévu à l’automne, et réussir à Hollywood. Pour cela, elle va traverser les Etats-Unis dans sa vieille voiture avec Oliver, son perroquet, en passant par des villages aux noms insolites. Mais quand sa voiture tombe en panne à Coin Perdu, son voyage et même sa vie vont être bouleversés d’une surprenante manière…

Comme vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce roman qui m’a touchée. Le résumé et les premières pages donnent l’impression que l’on va lire un roman de chick-lit, léger et rafraîchissant : nous sommes face à une héroïne un peu irresponsable, qui cherche qui elle est et ce qu’elle va faire de sa vie. Et pourtant, sans le voir venir, on se trouve plongé dans une histoire bien plus profonde que cela, qui véhicule un message fort et touchant. L’histoire est très bien menée, la fin n’est pas connue d’avance (sauf peut-être en ce qui concerne l’histoire d’amour…), certaines choses arrivent sans qu’on les voie venir. Le rythme est soutenu sans être trop rapide, je ne me suis pas ennuyée un instant et j’ai pu savourer les différentes scènes. Et pour ne rien gâcher, j’ai beaucoup aimé la fin du roman, empreinte d’un humour tendre.

En effet, le grand talent de cette jeune auteure, c’est d’avoir réussi à aborder des sujets graves en conservant cependant une bonne dose d’humour. Le roman est parfois grave et profond, mais jamais il n’est lourd. J’ai souri, j’ai ri, à de bien nombreuses reprises. Le personnage d’Oliver, le perroquet, est par exemple très bien utilisé pour désamorcer certaines situations tendues en apportant une touche comique avec ses interventions un peu décalées mais toujours pertinentes.

Au-delà d’Oliver, l’ensemble des personnages créés par Kerry Reichs sont très réussis. A Coin Perdu, Maeve rencontre une foule de gens attachants. Il y a Busy, Avril, Helen et Liz, les vieilles dames espiègles et parfois délicieusement vaches. Il y a aussi la lumineuse May, pétillante et profondément gentille, ou Ange, le photographe marqué par la vie. Sans oublier les personnages masculins comme Samuel, le médecin, et Noah le libraire. Ce dernier en particulier m’a beaucoup plu, j’ai apprécié ce personnage d’écrivain qui « plane » un peu, égaré dans la vie réelle. Sans oublier bien sûr son potentiel de séduction…

Mais la grande réussite, c’est le personnage de Maeve. Cette jeune femme est incroyablement attachante. Elle est très forte malgré ses blessures passées, sans en avoir pourtant conscience. Elle a un culot et une énergie admirables, qui lui permettent de venir à bout des obstacles. Grâce à ses pensées très spontanées, le langage utilisé (plein de jeux de mots, ou de jeux avec les sonorités), ou de petits détails comme les chaussettes montantes et colorées qu’elle porte, Kerry Reichs a véritablement réussi à donner vie à ce personnage. A tel point que, bien qu’elle soit très différente de moi, je me suis beaucoup attachée à Maeve, je me suis identifiée à elle. Quand elle était heureuse je l’étais avec elle, et quand elle était vibrante de désir (ceux qui l’ont lu sauront à quelle scène je fais référence…) je l’étais tout autant…

En ce qui concerne le style de l’auteur, il est simple et agréable. Kerry Reich n’en fait pas trop, le style n’est pas très littéraire, mais le vocabulaire est riche, les phrases sont agréables à lire, et le tout respire la fraîcheur. J’ai particulièrement aimé les dialogues, très naturels et spontanés, parfois à la limite du familier. Bref, des dialogues que l’on pourrait avoir dans la vie de tous les jours quoi, et non des gens qui parlent à la manière du XIXe siècle !

Je ne saurai trop vous conseiller de découvrir ce roman, qui vous surprendra et vous touchera. C’est un joli mélange de road-trip et de roman psychologique, de quête personnelle. C’est un livre qui délivre un message d’espoir, qui pousse à s’accrocher à ses rêves et à la vie.
Stellabloggeuse
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le 12 juil. 2014

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