Le tiercé perdant

Anne Rice, que ses chroniques des vampires ont rendue célèbre, a choisi pour thème les sorcières pour sa nouvelle saga en trois tomes, dont « L'heure des sorcières » constitue le second volet.

Si j'avais bien accroché au premier tome de la saga, "Le lien maléfique", j'en ai terminé le second complètement dégoûtée, au point de ne pas oser me lancer dans la lecture du troisième épisode, "Taltos".

« L'heure des sorcières », est calqué en tout point sur « Le lien maléfique », ce qui le rend à mes yeux totalement inintéressant. Anne Rice a certes développé une idée originale, celle d'une famille de sorcières à la fois maître et esclave d'un esprit maléfique et enfantin, mais elle traîne en longueur, ce qui la rend insipide, comme un chewing-gum que l'on aurait trop mâché...
Le choix de la narration est pour beaucoup dans la lassitude que l'on peut ressentir à la fin de la lecture du « Lien maléfique » et confine à l'écœurement lorsque l'on enchaîne par « L'heure des sorcières ».
Anne Rice introduit de nombreux personnages, potentiellement intéressants, mais qui perdent rapidement de leur profondeur, noyés dans les évocations récurrentes du passé. Comme oubliés de la romancière, ces personnages deviennent marionnettes, privés de libre arbitre, enchaînés aux rails d'une histoire qui privilégie la trame plutôt que les sentiments.

« L'heure des sorcières », à l'instar du « lien maléfique » est une succession de récits au passé, entrecoupés d'évocations du présent, très décevantes par leur platitude ou -dans le cas des scènes d'action- leur aspect inéluctable qui ôte tout suspens.

On a l'impression qu'Anne Rice, très fière du background qu'elle a imaginé, en a oublié de donner corps et légitimité à ses personnages. Des sentiments en pointillés, un livre qui sent la poussière et des personnages qui « font font font, trois p'tits tours et puis s'en vont »... Si c'est là, comme on dit, un des chefs d'œuvre d'Anne Rice, je ne suis pas sûre d'avoir envie de lire les autres.