Oui, on y parle d'aviation... J'ai trouvé ce bouquin sur la table des "recommandés" de ma librairie, et je ne savais rien de l'auteur ou du fait que Alain Resnay l'a adapté au cinéma. Livre sur le développement d'une liaison entre une femme et l'homme qui a retrouvé son porte-feuille et est tombé instantanément amoureux d'elle, sur la simple foi de sa photo d'identité... C'est un bien pâle fait divers pour commencer, mais l'écriture et le soupçon que fait peser l'auteur sur la nature de ses héros rendent la l'intrigue plaisante, sans convaincre tout-à fait.

L'histoire que nous raconte Gailly est à la fois banale (une rencontre fortuite, une attirance inattendue) et intrigante (l'incident n'est peut-être pas celui qu'on croit). Georges Palet, un type âgé et élégant mais genre aigri, a certainement commis quelque chose. Sa femme se méfie de lui, les flics sont au courant. On ne sait pas de quoi il s'agit, mais on sent qu'il est une bombe à retardement. Sa façon de devenir obsédé par la propriétaire du portefeuille est inquiétante.
Pourtant ce n'est pas un polar, mais plutôt le portrait d'une obsession réciproque, sur laquelle pèse une menace sourde. Gailly tient une ligne pas trop justifiée entre une attente pointilleuse (passer ou ne pas passer un coup de fil devient une épopée) et un emballement inexplicable des événements, qui m' a laissé un peu perplexe, d'où ma note un peu en retrait . Le final du livre est très surprenant.

Le vrai intérêt du bouquin tient dans l'écriture, qui par contre est épatante, je trouve. d'une fluidité extraordinaire. Cela est dû à l'absence de ponctuation autour des dialogues, et à cette manière étonnante qu'a la narration de passer d'un point de vue à un autre sans transition. C'est quelque part un bel exercice de "stream of consciousness" et on passe en effet de la tête d'un personnage dans la tête d'un autre dans la même phrase, et ce sans perdre le fil le moins du monde. Il y a un mélange de description objectives et de pensées informes , parsemé de ces lieux communs que nous pensons tous à la volée. Un passage sur un barbecue familial d'une banalité à pleurer en devient très chouette grâce à cette technique. Généralement, cette présence fantomatique du narrateur dans la conscience de chaque personnage est très bien gérée.
Ce livre vaut la peine d'être parcouru pour le plaisir de la lecture, (et cela prend très peu de temps, à peine 250 pages pas très remplies) et je suis déjà tenté de lire son " Un soir au club" qui lui a valu un prix, histoire de voir si ce style était déjà là.

Un livre curieux,donc, qui m'a un peu perdu en chemin peut-être, mais dont l'écriture très maîtrisée donne envie d'en savoir plus sur cet auteur.
nostromo
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le 13 mars 2015

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nostromo

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