L'Ouvert
7.2
L'Ouvert

livre de Giorgio Agamben (2002)

De l'homme à l'animal à l'homme

Élaboration du concept de machine anthropologique, qui permet de distinguer ce qui sépare l'homme de l'animal au fil de l'histoire. Il fait de l'arrêt de cette machine le motif le plus urgent de notre histoire.
Cet ouvrage s'attarde surtout sur la manière dont les humains se sont toujours définis à partir des animaux avec notamment avec l'émergence du langage. Au fil de l'histoire, la différence entre humanité et animalité se fait de plus en plus ténue. Agamben reprend l'interrogation de Kojève sur la fin de l'histoire - selon laquelle les humains, bénéficiant de tout le confort moderne, seraient (re)devenus des animaux. La biopolitique devient alors gestionnaire exclusive de chacun, abandonné à sa vie nue, à son animalité organique.
Plus tard, il nous enjoint de penser notre rapport au monde avec les théories de l'Umwelt de Von Uexküll et les différences ontologiques fondamentales que Heidegger trouve entre l'homme et l'animal, lesquelles font table rase du champ historiographique précédemment dessiné. Von Uexküll considère que chaque espèce possède son propre monde, l'Umwelt (milieu), duquel nous humains sommes strictement exclus. Il utilise l'exemple de la tique, dont toute la vie ne tient qu'à la stimulation de trois facteurs externes très réduits : un stimulus olfactif détectant la présence de mammifères, un tactile lui permettant de trouver sur la peau de son hôte un endroit dénué de poils, et la température de 37°C, celle du corps, dans laquelle elle va ensuite fourrer sa tête. À partir de cette théorie, Heidegger réduit l'animal à un état de stupeur, duquel il ne peut jamais sortir. L'humain lui s'émancipe de cette condition, grâce à l'ennui qui créé une situation d'étrangeté par rapport au monde environnant. Cette étrangeté lui dévoile de son existence en tant qu'être, le détache des stimuli animaux et lui permet de penser.
Comme d'habitude avec Agamben et sa pensée paradigmatique, on reste sans grande réponse au bout de l'ouvrage, et je reste déconcerté par la teneur ésotérique du tout. Néanmoins sa méthode permet de relever des détails cachés dans l'ombre de notre temps. On pense beaucoup au Grand partage Nature - Culture, qui est du coup ici abordé sous un angle peu commun. Je récuse cependant la référence heidegerrienne, qui me semble réduire l'animalité à un bête machinisme. Pourtant, cette animalité là nous permet de penser la biopolitique sous un angle inédit. Si nous sommes considérés comme des animaux, et ne faisons jamais qu'exister en répondant à des stimuli externes (travail, vote, réseaux sociaux), qu'en est-il de notre humanité ?

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le 13 sept. 2019

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