L'hippocampe est un animal mystérieux...

S'il est en effet l'un des plus lent du monde, il est néanmoins capable de réagir et déguerpir en moins de deux devant la difficulté.

Ce surnom, donné à Félix par son meilleur ami, va prendre tout son sens le jour de la St Sylvestre (on suppose d'ailleurs que le réveillon a été bien arrosé !) , lorsqu'il décide d'aller se réfugier dans la vielle bicoque laissée par sa grand-mère, perdue dans une petite station balnéaire.

Après des années de bourlingue où il a vu des choses atroces, cette décision s'impose à lui comme une évidence, pour se reconstruire, mais aussi dans le but de préparer son « plan ».

En ce 1er janvier, comme le veut la tradition, Félix décide de prendre deux résolutions qui le guideront durant cette année de retrait : n'écouter qu'un seul et unique disque par jour, et rédiger chaque soir quelques notes sur ses pensées, son humeur du jour.

Dés lors, contraitement à ce dont il s'attend, au beau milieu de ce village côtier, tout en essayant de se retrouver avec lui-même, Félix va faire des rencontres innatendues au bar du coin, mais aussi et surtout dans son voisinage...

Ce qui saute aux yeux dès la lecture des premières pages, c'est tout d'abord la forme qu'à adopté J.Lafargue. En effet, le roman est construit sur la trame du rite qu'a décidé de suivre Félix, avec une note quotidienne par page, et la référence du disque écouté chaque jour. On a donc le sentiment d'être au plus prêt du narrateur, et l'on peut se surprendre à écouter certains des groupes cités dans le roman (la Mano Negra en faisant partie, ce qui prouve que Félix a bon goût... !). D'ailleurs, le format numérique correspondrait parfaitement à « l'année de l'hippocampe », où en un clic, il serait possible d'accéder à cette playlist.

Et puis, en milieu de roman, les choses s'accélèrent, le narrateur change et le récit prend alors une tournure tragique et surprenante.

Au-delà de la forme, J.Lafargue dresse un portrait de la génération des trentenaires d'aujourd'hui (oui, cela me rappelle quelqu'un...), ceux que l'on baptise la génération Y, pour « Why ». En effet, la schizophrénie qui peut caractériser ces anciens « djeuns » dans une société parfois incomprhénsible, la peur de l'engagement, le désir de se mettre à l'écart et de prendre du recul sur ce monde de fou ; tout cela J.Lafargue sait le retranscrire.Si l'on peut regretter que l'auteur n'aille pas plus loin dans la description de ce processus de reconstruction, « l'année de l'hippocampe » pourraît bien marquer cette génération Y en mettant à jour ce qu'elle a d'enfoui en elle...

L.M
madamedub
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le 9 déc. 2011

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