En 6000 pages, on trouve de tout

Il est complexe de noter correctement cette œuvre tant on passe par tous les états à travers cette expérience de lecture.

L'aube de la nuit est un impressionnant cycle de 3 bouquins, eux-mêmes découpés dans leur édition française en plus petits livres. Mais à mon sens, ils ne se lisent pas indépendamment les uns des autres, sinon au risque de ne pas comprendre tout ce qu'il se passe.

C'est là que réside la force et la faiblesse de ce cycle de science fiction. Ces 6000 pages permettent tout, le meilleur comme le pire.

L'univers est ultra riche. On va pouvoir se balader au travers de planète très différentes, toutes très bien décrite, avec leur population également particulière. On va découvrir une nouvelle humanité séparée en 2 factions (adamistes et édénistes) réunies dans la confédération, avec quelques subtilités entre deux. On va rencontrer des populations extra-terrestre intéressantes dans leur fonctionnement et laissant entrapercevoir la richesse du travail entrepris par l'auteur.
Mais on va aussi s'ennuyer comme sur une barque après des rapides à travers des descriptions interminables de décors ou de système politiques. Certes ça apporte de la profondeur et de la complexité, mais on aurait pu s'épargner quelques centaines de pages en faisant confiance à l'imagination du lecteur pour compléter les trous.

Les personnages sont plus que nombreux, mais on parviendra quand même à s'attacher à celles et ceux qui reviennent le plus souvent ou à détester celles et ceux qui sont là pour ça. Il est pourtant dommage de tomber dans autant de caricature quand on a tant de pages pour développer plus de subtilités chez les personnages (en particulier les personnages féminins, qui semblent parfois écrit pour un fanzine d'ado prépubères). Et on est parfois déçu du teasing qui nous est fait de certains personnages pour les voir finalement disparaitre de manière presque insignifiante.

L'intrigue principale est intéressante, traitée efficacement du moins jusqu'à son dénouement, décrit presque partout et unanimement comme simpliste au mieux. Ce n'est pas moi qui dirait le contraire. Mais les nombreuses intrigues secondaires tiennent en haleine presque autant que la principale (à tel point que j'ai parfois été déçu qu'elles ne prennent pas le pas sur la ligne narratrice principale). Il y a de nombreuses longueurs, permettant parfois de souffler entre 2 scènes d'actions intenses, mais imposant parfois une attente insupportable quand des intrigues politiques secondaires ou des description interminable de la flore et de la faune d'une planète viennent couper un arc narratifs dont on attend le dénouement depuis des milliers de pages.

Le style d'écriture, lorsqu'il est descriptif, fourmille de détails. Une véritable encyclopédie qui permet d'imaginer et de visualiser tout ce qu'il se passe avec une précision presque submergeante. Les batailles spatiales ont également un rythme très soutenus et nous emportent avec elles. Les parties d'intrigues politiques sont moins haletantes, et on se perd parfois dans les détails superflus.

En bref, l'expérience globale est satisfaisante, pour peu que l'on ai le temps de se laisser emporter sur cette très longue rivière, tantôt impétueuses et (trop) souvent très lente. J'hésitais à noter 6 ou 7 étoiles. Je mets finalement 7 étoiles tant on trouve de nombreuses bonnes idées au fil de ces 6000 pages , et surtout du fait de l'influence que je retrouve de nos jours (il y a quelques choses de Joshua Calvert chez James Holden de The Expanse par exemple).

Vous trouverez forcément ce que vous venez chercher dans ce cycle du fait de sa longueur, donc n'hésitez pas à vous lancer dans sa lecture. Mais gardez en tête que vous risquez d'y croiser aussi tout ce que l'on peut redoutez y trouver.