L'esthète
L'esthète

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Ce roman mélange plusieurs genres : documentaire, témoignage et triller. En faire un résumé est compliqué. Le livre suit l'histoire d'un sans-abris, un homme dont le nom n'est pas mentionné de tout l'ouvrage. Il vagabonde dans les rues de Paris, fouillant les poubelles pour vendre aux puces des objets et des vêtements abandonnés. Le personnage erre dans la ville rencontrant des protagonistes sur son passage, des hommes et des femmes le plus souvent solitaire. Ce roman est une errance.

L'Esthète est structuré en trois parties, bien distinctes, peut-être trop. Alors qu'au début nous découvrons une face cachée de la ville de Paris, le personnage principal, que je nommerais X, est présenté comme un homme mystérieux. Tout le long du roman, il est un fantôme dont on ne sait rien, ni son prénom, ni son passé. Tout le récit se construit autour de cet antagoniste et on suit ses pérégrinations avec un œil intrigué. X est entouré de secrets, de non-dits et de faux semblants. Très vite, le lecteur comprend que cet homme n'est pas seulement un fantôme errant dans la ville, mais un homme tordu. Il s'énerve à la mention de son passé, il se fâche rapidement contre des personnages, comme Bella, une ancienne prostituée. Il est en colère et malgré son calme serein tout le long de l'ouvrage on sent qu'une explosion se fait attendre.
Dans la première partie de l'ouvrage je dois admettre que je me suis ennuyée. Les témoignages ont le don de ne jamais accrocher mon intérêt, car malgré une empreinte réaliste, ils sont, avant tout, quelque chose de personnel. Cependant, je me suis surprise à rapidement me laisser porter dans les pas de X. Car il est à Paris, il est dans un milieu qui m'est inconnu : la rue et l’errance. Je suis curieuse alors j'ai continué ma lecture malgré ce début qui avait tout pour me rebuter. Notamment grâce à ce personnage qui semble vide de toute émotion, vide et fade. Et pourtant. Cette première partie dure 50 pages, et même si ces lignes n'ont pas éveillé mon intérêt, j'ai continué ma lecture, car je voulais savoir où le roman allait me conduire. Et j'ai bien fait. Autre petit point négatif dans cette partie, c'est la maladresse du récit. J'ignore pour quelle raison ce début de roman est écrit avec une certaine maladresse, les dialogues sont lourds, voulant paraître vrais, ils deviennent parfois ennuyants et sans intérêts. Ce qui m'a laissé un sentiment d'incompréhension par rapport à la suite du roman. En effet, dans le reste de l'Esthète, les dialogues deviennent minutieux et captivants. Les dialogues avec Lucie sur l'art sont géniaux, car je me suis sentie transportée par le choix des mots, la précision des exemples et des idées.
La deuxième partie m'a vraiment aguiché, très vite. Claire débarque enfin dans le récit. J'ai adoré la mise en place de ce personnage, au début il est décrit avec un regard négatif de la part de X, mais dans cette seconde phase du roman, elle devient très intéressante. X commence à s'intéresser à elle, tout comme le lecteur. Le lecteur commence réellement à ce moment à ne faire qu'un avec X et c'est réellement à cet instant que je me suis retrouvée plongée dans le récit. Le deuxième personnage à faire son entrée est Lucie, une deuxième femme. Si la première femme est décrite comme une femme forte et mature, la seconde est dévoilée comme étant une femme enfant. Mais l'une et l'autre, si elles s'opposent, sont complémentaires pour X, elles reflètent ensemble la femme idéale. Très vite le personnage principal se retrouve dans un tourbillon et entres deux femmes qu'il apprend à aimer. Ses sentiments grandissent à travers les pages et les deux femmes deviennent son moyen de sortir de la rue. Il se réveille et se montre tel qu'il est : un menteur et un calculateur, jouant avec ces femmes pour des raisons qui nous paraissent pendant longtemps obscures. Il va de l'une à l'autre, et l'emploi de la première personnage dans le récit nous imbrique dans l'histoire. On apprend à connaître ces deux femmes avec X, on apprend à les apprécier, à les trouver charmantes et exceptionnelles. Elles deviennent des idéales pour X et pour nous. Les différentes approches métaphysiques dans le récit dévoilent toute la complexité du personnage, et cela est prometteur pour une suite. Cependant, il est dommage que le roman devienne passionnant qu'à partir de la seconde partie de l'ouvrage. Le roman semble être composé de deux œuvres, sans liens réels. La première partie est anodine à la fin, tellement anecdotique que je ne comprends toujours pas pourquoi elle prend une place si présente dans l'ouvrage. Il aurait été plus intéressant de la mettre plus tard dans le récit, comme une pause bienvenu dans toutes les informations offertes au lecteur à partir de la seconde partie.
Le dernier chapitre du roman est intéressant et je me demande si ça n'aurait pas été plus pertinent de l'insérer au tout début, pour tenir le lecteur en haleine. Si ça avait été le cas, je pense que j'aurais pas trouvé la première partie si anecdotique, si inutile, car j'aurais cherché pourquoi et comment X se débrouille pour en arriver à ce point là.
Autre point négatif l'objet en lui même. Il est dommage que la couverture du roman soit si peu accrocheuse, elle ne reflète pas l'âme du livre. Le résumé n'en est pas un, et même s'il est difficile de parler du livre en quelques lignes sans rien dévoiler, il aurait été préférable d'en faire un. Car au final, quand on commence le roman, on ne sait rien, on n'a aucune idée de ce qui nous attend et même si c'est quelque chose de précieux car nous découvrons tout au fil de l'ouvrage, sans interférences, un lecteur lambda ne risque pas de jeter son regard sur l'ouvrage afin de l'acheter. Et c'est dommage, car l'Esthète est un livre avec de nombreuses qualités et qui promet une suite intéressante. Et l'objet en lui-même est peu attrayant, vraiment dommage.

Malgré les différentes maladresses de l'ouvrage, et l'impression que le début du roman n'était pas nécessaire à l'intrigue, la conclusion de l'Esthète m'a terriblement donné envie de savoir la suite.
SophiaB
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Créée

le 25 déc. 2014

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SophiaB

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