Le plus suédois des polars suédois

Allez encore et encore, un autre auteur de polar suédois.
Recommandé et primé, nous dit-on.
À L'heure trouble Julia est une mère éplorée : elle ne s'est jamais remise de la disparition de son jeune enfant, Jens, quinze plus tôt. À six ans, il est sorti un moment de la maison de vacances et on ne l'a plus revu.
Quinze ans plus tard, Julia est en arrêt maladie, entre deux cachets elle carbure au vin rouge. Son couple est évidemment parti en quenouille il y a longtemps.



[...] « Cet enfant…, dit Sven-Olof dans le noir. C’est cette histoire
terrible. .. ? Ce petit garçon qui a disparu à Stenvik ? – C’était
mon fils Jens, dit à voix basse Julia, qui avait une irrésistible
envie de vin rouge. Il est toujours porté disparu. » Sven-Olof ne dit
rien de plus.



On a eu un petit peu de mal à entrer dans ce bouquin au rythme étrange : les deux personnages, la mère et le grand-père du gamin ne sont pas tout à fait sympathiques, englués dans leurs chagrins, leurs remords, leurs contradictions, leurs conflits aussi. Les histoires s'entrecroisent, se superposent, sans qu'on sache trop laquelle suivre.
Mais peu à peu, Johan Theorin nous attire, décrivant l'air de rien, tout un pan de la vie suédoise sur ces îles de la Baltique où villégiaturent les stockholmois (un peu l'équivalent de nos îles de Ré ou d'Oléron pour les parisiens).
On est aussi curieux des épisodes racontés de la guerre (des heures troubles aussi pour la Suède ...).
Et puis on s'attache peu à peu à ce petit village de l'île d'Öland, face à la Lituanie et la Lettonie. Un petit village désormais déserté par ses habitants (ils ne sont plus que trois ou quatre), anciens marins, et qui ne revit que l'été lorsque les estivants débarquent.
Tout cela donne peu à peu un polar suédois réellement suédois, pas un thriller universel qui pourrait tout aussi bien prendre place à L.A. ou à Moscou.
Curieusement voici un bouquin qui ne nous captive ni par les personnages, ni par l’intrigue mais plutôt par les lieux décrits et la vie qui les habite. La Suède côtière telle qu’on rêve de la découvrir un jour.
Et puis il y a ce mystérieux Nils Kant, un mauvais garçon qui commit plusieurs crimes dans les années 40 et disparut ensuite. Mort et enterré, la rumeur dit qu'il était revenu pour kidnapper (ou pire) le petit Jens ...
Certainement un des plus suédois de tous les polars suédois qu’on a dévorés.
Qui ne vaut peut-être pas autant de prix et de bruit mais qui se lit avec intérêt et plaisir : Johan Theorin est une plume sûre et élégante.

BMR
7
Écrit par

Créée

le 11 avr. 2015

Critique lue 409 fois

BMR

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