Une des idées fortes de cet essai est que c’est par l’action, parfois audacieuse, que l’on peut prendre confiance en soi. Alors je me lance, bien que je ne connaisse pas grand-chose au sujet, que je ne sois pas philosophe, et que les propos qui vont suivre n’aient donc probablement pas une très grande valeur.
Je ne connais pas Charles Pépin si ce n’est qu’il semble assez médiatique, et qu’il passe souvent sur France inter. Son ouvrage, ici, fait œuvre de vulgarisation sur le sujet : il s’appuie sur des philosophes mais aussi sur des exemples concrets, tirés de l’histoire de différentes personnalités pour appuyer son propos. A noter que l’ouvrage est bref, clair, bien structuré et agrémenté d’une bibliographie commentée, ce qui est très agréable pour pouvoir prolonger la lecture.
Sur le fond, je crois que ce que nous dit Charles Pépin de la confiance en soi dans cet ouvrage est assez juste. D’abord lorsqu’il nous explique que la confiance en soi vient des autres, et que nous ne sommes pas égaux devant elle, notamment en fonction du degré de sécurité intérieure qu’on a pu nous offrir durant notre enfance. Dans le prolongement de Sartre, Pépin souscrit à l’idée que l’existence précède l’essence, qu’il n’y a pas au fond de nous une confiance à (re)trouver mais qu’il faut construire cette confiance, que c’est une quête. Et qu’il faut bien s’entourer, chercher les liens avec des personnes qui vont nous aider sur ce chemin.
Mais cela ne suffit pas, il faut aussi s’exercer, s’entraîner à progresser dans un domaine qui pourra contribuer à acquérir une confiance en soi plus générale. C’est en forgeant qu’on devient forgeron, en travaillant qu’on progresse et en progressant qu’on prend du plaisir à progresser et qu’on acquière donc un peu de confiance. Et en faisant des choses concrètes, du bricolage, du jardinage, de la menuiserie ou de la cuisine, en redevenant l’homo faber que nous ne sommes plus toujours, nous qui travaillons souvent dans le tertiaire et où il n’est pas toujours facile d’obtenir une reconnaissance là où le boulanger peut avoir un retour de ses clients sur la qualité de son travail.
On pense souvent qu’on n’est pas doué, mais Pépin nous montre à partir de certaines études que ce qui fait la différence dans tous les domaines pour être au meilleur niveau n’est pas le fait d’être un génie, mais d’avoir bossé énormément. Le travail ne suffit pas mais il est indispensable. Pépin s’appuie souvent sur Nietzche pour opposer l’instinct de peur à l’instinct de l’art, pour expliquer qu’on ne pourra surmonter l’imprévisible que par la créativité, qui nous apportera de la confiance. Il semble essentiel d’accepter de sortir de sa zone de confort, et surtout, il faut pour Pépin rester fidèle à son désir, pas à une essence ou une identité mais à sa quête. Il faut savoir ce que l’on veut vraiment plutôt que se construire par rapport aux autres ou face à des normes.
Certains passages, moins rationnels, me paraissent nettement moins convaincants : quand il nous dit qu’il faut accueillir le mystère de la vie, qu’il faut faire confiance à son intuition, qu’il faut s’écouter. Pour moi, si l’analyse globale qui est proposée est assez juste, Pépin aurait pu se passer de certains passages vides ou superficiels, qui ont eu le don de m’agacer quelque peu.
Mais au final, l’ouvrage est intéressant pour une première approche du sujet, il peut être un point d’appui pour aider chacun d’entre nous à progresser dans la quête de la confiance en soi. Ce n’est pas rien, merci Charles Pépin, qui a en plus ici le mérite d’être bref !