A travers La Splendeur du Portugal / O Esplendor de Portugal (1997), antiphrase détourné de l’Hymne national portugais non sans une certaine provocation emprunte d’ironie, António Lobo Antunes dépeint la triste destinée d’une riche lignée de colons portugais en Angola. En usant de monologue alterné de quatre de ses membres (une mère et ses trois enfants), l’auteur nous raconte une tragédie portugaise programmée.
La Splendeur du Portugal est l’incarnation d’un empire qui se disloque. Un empire qui se meurt et qui ne se sait pas, préférant se confondre dans l’illusion d’un passé désuet et abject. Il est aussi ce roman mettant en exergue les derniers membres d’une famille qui se racontent en s’accrochant aux dernières illusions d’une vie révolue. Il est ce spectre d’un cauchemar où les relations humaines sont entérinées et où l’incommunicabilité a pris le pas. António Lobo Antunes télescope les époques que ressassent ses personnages, les ruines d’un passé qui se font échos. Il s’y succède des scènes d’une rare violence qui se perd dans le chaos de l’insurrection des rebelles, des scènes où suintent le racisme et la folie des hommes. Un regard terriblement désenchanté et cyniquement amusé.
A l’image de ses œuvres précédentes, La Splendeur du Portugal se montre déconcertant. Avec son style unique qu’on lui connait, António Lobo Antunes nous plonge dans un récit complexe et décousue, entre réalité et fantasme qui demande un effort aux lecteurs. L’auteur y dépeint un monde compliqué à travers les non-relations des membres d’une même famille. Il table sur les répétitions et nous plonge dans les dédales de personnage aux personnalités variées. Le sentiment obligé qui en ressort est de voir un récit qui tourne en rond. Pourtant il se traduit en réalité comme la volonté certaine de voir António Lobo Antunes nous enfoncer toujours plus dans les méandres, ceux d’un marasme qui annihile toute identité et attachements à des racines.
Tout du long, La Splendeur du Portugal est bercé par les égarements amers de pantins désuets. Des pantins qui sont les victimes du ridicule de leur existence. Il en ressort une œuvre fascinante, fatigante et terrifiante.
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