Ce polar suédois de Roslund et Hellström plonge le lecteur dans l'horreur de la pédophilie et de la vengeance aveugle.

Pour faire un bon thriller, l'intrigue compte beaucoup. Mais les personnages peuvent parfois rattraper une histoire un peu trop simple. C'est un peu le cas de ce roman suédois. L'histoire, on la devine assez rapidement au bout d'une trentaine de pages. Mais le dénouement attendu intervient en milieu d'ouvrage. Toute la force du bouquin réside dans cette seconde partie, s'éloignant du roman policier classique pour marcher sur les platebandes de la psychologie et des faits de société.
Roslund et Hellström, le deux auteurs, commencent par bien présenter les différents protagonistes. Avec un prologue qui fait froid dans le dos. On suit Bernt Lund dans sa chasse aux petites filles. Comment il parvient à accaparer l'attention de deux amies rentrant d'un entraînement de gymnastique, sa méthode pour les mettre en confiance pour mieux les violer et les massacrer après.

C'était il y a dix ans. Aujourd'hui, Lund est en prison. Le « pointeur » comme le surnomme les autres prisonniers n'éprouve aucun regret. Il n'est pas guéri. Au contraire, il n'a qu'une idée, qu'une envie : recommencer. Lund placé à l'isolement mais qui profite d'une consultation chez un médecin à l'extérieur de la prison pour s'évader.
Au même moment, on suit les destinées des autres protagonistes qui vont se retrouver mêlés à l'histoire de Lund. Fredrik Steffansson, écrivain, récemment divorcé, habitant avec sa fille Marie, âgée de cinq ans. Le commissaire Ewert Grens, bourru et taciturne, ne vivant que pour son travail, Sven Sundkvist, son adjoint ; il devait fêter ses 40 ans en compagnie de sa famille. La petite réunion attendra. Un flic calme et à l'écoute mais de plus en plus dégoûté par un métier trop exigeant.
Et puis il y a la vie dans la prison. Lillmasen, violent et bagarreur, est le prisonnier modèle. La prison c'est son monde. Il a essayé, mais ne peut plus vivre à l'extérieur. Il a une haine viscérale des pointeurs ayant été lui même victime d'un oncle pédophile. C'est d'ailleurs à cause de lui qu'il a fait son premier séjour derrière les barreaux. Il s'était vengé avec un pic à glace. Il n'avait pas tué l'oncle mais fait le nécessaire pour qu'il ne viole plus les petits garçons.
Toute une galerie de personnages qui vont se croiser, se rencontrer, se tuer. Cela commence par Lund. Assis sur un banc à l'entrée d'un jardin d'enfant, Fredrik, en y conduisant Marie, le salue, croyant avoir affaire à un parent. Quelques heures plus tard, Marie se fera accoster par le monsieur à qui son papa à dit bonjour. Elle lui fera confiance... Marie avait cinq ans. Son autopsie, décrite avec réalisme par les auteurs, donne une exacte idée de l'ampleur de l'horreur et du malheur qui frappe Fredrik. Persuadé que Lund va recommencer, il décide de se mettre en chasse. De le trouver avant la police pour l'éliminer, pour protéger les futures victimes.
Le roman glisse alors vers l'analyse de ce besoin de vengeance, de l'utilité de la peine de mort et, d'une façon plus générale, de l'efficacité de la justice. Avec cet exemple qui peut transformer un père de famille meurtrier en héros de toute une nation.
litout
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le 7 déc. 2010

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