Je profite de ce grand espace de liberté que nous offre Sens Critique pour exprimer un coup de gueule qui n'a rien à voir avec la critique d'une oeuvre. Attention je ne parle pas d'un coup de gueule visant à prôner la supériorité du nazisme ou à condamner fermement le travestissement dans notre société, nonon ! Par ce pavé, j'entends parler d'un sujet qui fait couler beaucoup d'encre dans notre société actuelle, à savoir : La dépendance aux jeux vidéos !!!

En effet, il y a quelques jours je suis tombé sur une vidéo très intéressante qui abordait ce problème de manière rapide, pertinente et efficace. Une excellente chronique, servi par une chaîne géniale que je vous recommande également : https://www.youtube.com/watch?v=1eSA0EIzLSI

Environ 6h plus tard, je suis réveillé par mon insupportable radio réveil, toujours réglé sur Europe 1 depuis que j'ai pété le bouton, me condamnant ainsi à écouter chaque matin cette infâme radio infestée de pubs jusqu'à la moëlle‏. C'est là que, entre deux reportages sur Cuba et un sur le FILM ÉVÉNEMENT de la semaine (produit par E1, of curse) j'entends ceci : http://www.europe1.fr/mediacenter/emissions/la-question-qui-fache/videos/atlan-les-jeux-video-activent-les-zones-de-plaisir-2321359

La première chose qui m'a choqué dans cette interview, c'est que contrairement à ce que j'avais entendu hier soir, l'effet de dépendance aux jeux vidéo est désormais un fait scientifique indiscutable pour le présentateur alors que la vidéo d'hier indiquait clairement qu'aucune étude n'avait encore réussi à prouver un effet addictif semblable à la cocaïne dans le domaine vidéoludique. De plus, si toto s'était donné la peine de lire ne serait-ce que la conclusion de la récente étude servant de prétexte pour ré-ouvrir le débat, il aurait vu lui même qu'une telle pathologie n'était visible qu'en de rares cas et que cela ne concernait que certains genres très spécifiques (notamment le jeu en ligne). Ce qu'a surtout démontrer cette étude, c'était le grand nombre d'enfants ayant des problématiques liés à cette pratique. Affirmer de la sorte que cette étude montre bien les effets néfastes et addictifs des JV c'est déjà un gros amalgame facile mon petit toto.

Ensuite, je fus surpris en réécoutant l'interview que l'experte invitée et le youtubeur partageaient en fait le même point de vue sur la question. La différence, c'est que ce dernier est seul maître à bord et a donc toutes les cartes en mains pour exposer sa vision des choses de façon claire et compréhensive. La pauvre experte d'Europe 1 doit quand à elle se battre pour faire entendre sa voix à un Thomas Sotto qui possède déjà sa propre vision biaisée et caricaturale sur la question et qui, convaincu de la véracité de ses propos, essaye de mener l'entretien dans le sens qu'il désire. Le problème étant que le journaliste n'y connaît rien. Toto est effectivement persuadé que tous les jeux vidéos sont des histoires sans fin qui enferment les gosses dans un autre monde et qui les abrutissent en les incitant à appuyer sur des boutons pendant des heures. Pour lui c'est forcément le jeu vidéo qui est la cause de tout. Il pose directement la question "Doit-on interdire les jeux vidéos ?", sans autre forme de procès.

Alors que la question est ailleurs. Ce ne sont pas les jeux vidéos le problème, mais le temps qu'on y passe dessus. Ce qu'il faut se demander, c'est pourquoi consacrons nous autant de temps à cette pratique ? Certes les ados ayant un problème avec le jeu ont tendance à jouer de manière abusive, à faire preuve d'agressivité et à se montrer peu sociables, mais dire que le jeu vidéo en est le responsable c'est prendre le problème à l'envers. Car plus l'enfant est mal dans sa peau, violent et asocial et plus il va se réfugier dans les jeux vidéos pour évacuer son mal-être et occuper son temps libre. Se complaire dans cette activité à haute dose n'arrangera pas ses problèmes, mais on a rarement vu un gamin pleinement épanoui et très sociable devenir du jour au lendemain une véritable Ermite solitaire à cause de sa passion vidéoludique. Les enfants ayant un rapport obsessionnel avec le jeu ont besoin que leurs parents les aident en régularisant leur pratique et en les poussant à faire d'autres activités qui pourrons les épanouir à la fois mentalement et socialement. L'enfant ne doit pas mettre un terme à sa passion, simplement la régulariser quand cela est nécessaire et ne pas s'enfermer dedans pour fuir ses problèmes. Il n'y a que comme ça qu'il retrouvera en lui la force vitale nécessaire pour retrouver une vie normale et équilibrée. Là est le message combiné de ces deux personnes et forcé de constater qu'il est bien plus compréhensible sur Youtube que sur Europe 1, la faute à un animateur bien trop envahissant qui ne laisse pas le temps à son intervenante de s'exprimer pleinement et qui pose les mauvaises questions au cours d'une interview bien trop courte. Ainsi, si vous écoutez la radio d'une oreille à moitié endormie comme moi, vous pourriez ne pas saisir tous ce que dit l'experte surtout vu le titre octroyé à la vidéo sur le replay.

Mais cet entretien soulève un autre problème. En effet, plusieurs fois au cours de l'interview, l'animateur insiste bien sur la comparaison entre les jeux vidéos et les substances illicites hautement addictives : "Jouer aux jeux vidéos active les mêmes zones cérébrales que la cocaïne......". Ceci est très représentatif de la façon qu'ont certaines personnes de concevoir le jeu vidéo. Pour eux ce n'est ni plus ni moins qu'une drogue dure, bousillant peu à peu son consommateur au même titre que la meth ou l'héro. Or selon moi, cette discipline n'est pas une drogue dégénérative mais une drogue enrichissante au même titre que le cinéma ou la littérature. Certes, l'abus de cette pratique peut entraîner des conséquences graves mais on ne peut pas nier que jouer enrichit l'être humain. Ça améliore ses réflexes, sa réactivité, sa capacité d'analyse, son endurance....mieux encore, le jeux vidéo est un art à part entière et comme chacun sait, toute forme d'art, quelle qu'elle soit ne peut que cultiver son consommateur. Selon le Jeu en question, le gamer ressortira peut-être plus intelligent, aura découvert une oeuvre dotée d'une histoire profonde abordant des thèmes très intéressants et instructifs,etc.

N'étant pas du tout un gamer, je ne suis pas le mieux placé pour aborder ces notions, je le sais bien. Mais j'ai tout de même tenu à m'exprimer sur ce sujet. Car j'ai moi aussi l'impression d'être dépendant vis à vis du cinéma. Je passe en effet une grande majorité de mon temps libre à mater des films et des séries parfois bien plus que de raison, et je ne suis pas le seul dans ce cas là. Il suffit de jeter un œil sur les listes "vus en 2014" que les sens-critiqueurs arborent fièrement pour s’apercevoir que certains d'entre eux ont peut-être un léger problème d'addiction avec le cinéma. Toutefois, m'a t-on déjà reproché une seule fois ma dépendance ? Jamais ! Au contraire même. Les gens voient d'un bon œil le toxico des œuvres cinématographiques, pour eux, le cinéphile regardant à outrance quantité de films en tous genre n'est pas considéré comme un drogué mais comme un être doué d'une culture immense. Et il en va de même pour l'accro à la littérature ou à la musique. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit là d'arts nobles, considérés comme un bienfait culturel important en toutes circonstances. Peu importe que le passionné en question s'adonne à son plaisir plus que de raison au point que cela empiète sur sa vie sociale et son énergie vitale.

Pourquoi les gamers ne sont-ils pas considérés comme de grands passionnés au lieu d'être sans cesse associés à des toxicos asociaux ? Pourquoi le jeux vidéo garde t-il encore l'image d'une drogue de substance au même titre que l’héroïne au lieu d'être associé aux même rang que les autres drogues enrichissantes telles que le cinéma ou la littérature ? Et pourquoi malgré tout le chemin parcouru, le jeu vidéo n'est-il pas encore reconnu comme un art à part entière dans le milieu des grands médias français ?

Des questions qu'il faudrait commencer à se poser. Car quoi qu'on en dise, nos parents s'informent généralement par ces médias traditionnels et si ces derniers ne proposent qu'une vision aussi pessimiste et déformée du genre, on est pas près de faire évoluer les choses.
Alfred_Tordu
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le 19 déc. 2014

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Alfred Tordu

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