Une écriture simple et directe, charriant son pathos avec une maladresse parfois prenante.
« Ils m’ont ôté le droit de pleurer, j’entends leurs voix qui me disent dans ma tête, Si tu ne voulais pas tu n’avais qu’à le dire, ils me regardent dans ma tête, et ils sourient. C’est des images que je n’arrive pas à faire partir : je l’imagine la dernière nuit dans le sous-sol, qui pleure, et qui dit à maman, Bonne nuit maman, avant que tout s’éteigne. Alors je me pose des questions bizarres, je me demande si, dans le cas où on aurait été dans une autre famille, et dans un autre monde, si elle avait pu être elle et si j’avais pu être moi, est-ce qu’on aurait été comme un frère et une sœur – je veux dire, si elle n’avait pas été elle et si je n’avais pas été moi, ceux que nous avons été – est-ce que les autres que nous aurions été auraient pu être frère et sœur ? »
Extrait de : Seurat, Alexandre. La maladroite. Editions du Rouergue.