J'avais adoré Les Furies de Boras, premier recueil traduit en français d'Anders Fager. Bien que de qualités inégales (c'est le lot des recueils en général), certains textes m'avaient littéralement captivés / dérangés.
Force est de constater que ce deuxième ouvrage est un ton en-dessous de son illustre aîné, même s'il reste de bonne qualité.
Sur le même principe que Les furies de Boras, La reine en jaune puise son inspiration dans le travail de H. P. Lovecraft et de ses successeurs, en exploitant avec intelligence tous les éléments de ce qu'on appelle "le Mythe de Cthulhu". Le tout est transposé dans le contexte de la Suède du début des années 2000, et l'amalgame entre notre monde moderne et les sorciers, cultistes et autres créatures non-humaines que l'on rencontrera au fil des pages fonctionne très bien.
Le recueil comprend cinq textes courts (sobrement intitulés "Fragments") qui s'intercalent entre les cinq autres récits, plus longs. On retrouve cette fois encore certains personnages dans plusieurs de ces fragments, qui font un peu office de fil rouge.
Les cinq textes longs sont réussis, mais inégaux, mon préféré restant, et de loin, Le voyage de Grand-Mère, sorte de road-trip européen très bien mené et très dérangeant.
Les qualités d'écriture d'Anders Fager sont évidentes. Il a un don pour, au détour d'une phrase, d'un mot, distiller le malaise et poser l'ambiance malsaine de ses textes. Je le trouve cependant moins réussi que son prédécesseur, les textes étant dans l'ensemble moins prenant. mais ne boudons pas notre plaisir, les textes sont de bonne facture et complètent agréablement Les furies de Boras.