"Cher Monsieur Glattauer, je ne sais trop comment vous le dire, mais, voyez-vous, j'aurais préféré qu'il n'y ait pas de suite à Quand souffle le vent du nord. Votre roman se terminait sur une énorme frustration, bien sûr, mais c'était si bon de pouvoir laisser son imagination courir. Las, la pression de vos lecteurs (et lectrices) a été trop forte, vous avez dû vous résoudre à nous conter ce qu'il advenait de Leo et d'Emmi et de leur épistolaire romance. Vous n'aviez pas peur de tourner en rond, en reprenant les mêmes ingrédients, ces échanges de mails tour à tour enflammés, ironiques, désabusés ou mélancoliques ? Si, évidemment, je l'aurais parié. Alors, vous êtes d'emblée passé à l'acte, jetant au sol tout ce qui faisait l'intérêt de votre roman précédent, c'est à dire le désir, le mystère de l'inconnu(e), l'envie de ne pas vouloir savoir et l'irrépressible besoin de souhaiter l'inverse. La septième vague, dans un sens, est moins romantique, plus terre à terre que Quand souffle le vent du nord. Mon côté midinette en a souffert, je le confesse. Je n'avais pas envie de lire vos courriels du coeur. La grande question était auparavant : "Mais vont-ils enfin se rencontrer, nom d'un chien ?" ; dans votre nouveau livre, elle est devenue : "Mais vont-ils enfin vivre ensemble, nom d'une pipe ?" Et cela fait une grande différence, croyez-moi ! Je vous le dis tout net, je regrette cet itinéraire sur la carte du tendre dont vous étiez le GPS. Dans La septième vague, vous donnez de l'importance au mari de l'une, à la maîtresse de l'autre. Le coup de la jalousie, on nous l'a déjà fait, Monsieur Glattauer, ce sont des ressorts néandertaliens, je ne marche plus. Et la fin, je ne voudrais pas révéler le poteau rose (sic), mais elle est bien consensuelle, non ? A croire que vous l'avez voulue irrévocable pour qu'il n'y ait pas de suite possible. Remarquez, vous avez bien fait. Ce que je ne m'explique pas, souffrez que j'en termine sur cette remarque, c'est la raison pour laquelle j'ai lu votre roman, une fois encore, d'une seule traite, ou presque. Ce n'est quand même pas de la grande littérature, hein, vous-même le savez bien. Juste une petite histoire d'attraction entre deux êtres, racontée de façon originale et avec esprit. J'arrête là, parce que vous allez croire que j'ai aimé votre livre. Je l'ai juste dévoré et englouti, ce n'est pas pareil. Et je vous en veux toujours d'avoir écrit cette suite. Si, si, je vous assure. Au fait, vous êtes bien certain que l'histoire est terminée ? Non, c'est juste pour savoir si je devais déjà préparer mes arguments au cas où.
Cher Monsieur Glattauer, je vous prie d'agréer l'expression de mes meilleurs sentiments. Et embrassez Leo et Emmi pour moi, merci."

Cinephile-doux
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le 18 janv. 2017

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Cinéphile doux

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