La seconde partie du diptyque de Maxime Chattam, Le Requiem des Abysses, qui fait suite à Léviatemps, est véritablement captivante. Une fois le livre ouvert, il devient difficile de le refermer.

Il semble tellement supérieur au premier que l'on peut se demander ce que cela aurait donné si ce Requiem avait ouvert le bal, tant il est évident qu'il est la véritable locomotive de cette histoire en deux parties.

On retrouve avec plaisir Guy et Faustine, qui vont être vite rattrapés par les démons qu'ils croyaient avoir laissé derrière eux à Paris.

En véritable maestro des pulsions criminelles, "il" avait orchestré la symphonie du sang et du temps. Un requiem de la civilisation. Il avait su sonder les plus profonds abysses de chacun, et en avait joué en virtuose. Lui, l'incarnation des excès, le maître des abysses.

La première partie du récit situé à la campagne va progressivement ramener le lecteur dans ce qui est le cœur de l'intrigue de Maxime Chattam, la seconde partie venant boucler la boucle avec Léviatemps. C'est malin, ça joue avec des twists bien connus des amateurs du genre en baladant le lecteur comme il se doit et en lui offrant un final savoureux.

Seul bémol à mon humble avis : cette volonté de vouloir faire commettre les pires horreurs à l'une ses âmes sensées incarner le mal absolu. Non comptant de lui faire dépecer ses victimes, l'auteur a trouvé utile de le rendre également nécrophile. J'ai bien reconnu dans ces rares passages insoutenables l'auteur de la nouvelle effroyable Le fracas de la viande chaude.

L'archétype de l'ogre dans les thrillers doit-il toujours aller de plus en plus loin dans l'horreur pour mériter son titre d'incarnation du mal. Doit-il à chaque agissement prouver sa dépravation pour faire comprendre à celles et ceux qui tentent de le stopper, qu'il est particulièrement malveillant ? En gros, est-ce que le mal incarné doit-il être absolument et régulièrement excessif dans l'escalade de ses agissements pour nous convaincre de sa capacité à nuire ? En ce qui concerne le cas précis de ce Requiem, je n'en suis pas convaincu.

Guy de Timée, peut être moins agaçant que lors de sa première apparition, va avoir beaucoup de travail. Le duo qu'il forme avec Faustine devient particulièrement attachant. Surtout quand on découvre les nombreux points communs qu'il a avec un autre duo de personnages écrit par l'auteur, celui formé par Joshua Brolin et Juliette Lafayette dans l'Âme du Mal, le premier opus de sa célèbre Trilogie du Mal.

Un livre qui devrait réconcilier celles et ceux qui avaient peut être été un peu décontenancés par Léviatemps. D'ailleurs, dans la chronique que j'avais consacré à ce premier tome, j'avais prétendu que Guy était un avatar littéraire de l'auteur. Je n'avais pas tilté à ce moment que le pseudo de Guy Thoudrac-Matto en était le parfait exemple. Je viens seulement de comprendre l'anagramme qu'il forme !

Frédéric Fontès
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le 2 mai 2011

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