Sur la 4e de couverture d’Une Poire pour la soif, il y a une citation de Raymond Chandler qui dit du roman en question que c’est un « récit complètement sordide et corrompu ». Et c’était putain vrai.


C’est dingue comment cet héritage résonne dans le Bon Fils, véritable roman noir d’une nouvelle génération d’auteurs qui prennent pour toile de fond la crise économique mondiale que nous traversons et comment des coins reculés, éloignés des grandes villes, tentent de survire dans toute cette crasse.


Le Bon Fils est un récit sur les choix des chemins à prendre. Sur le passé qui nous colle à la peau, surtout quand l’avenir n’existe pas. Sur le besoin de rédemption, le poids des actions de la famille dans des petits bleds, …


Tu sais, comme dans beaucoup de campagnes il y’a un nombre incalculable d’araignées à la frontière de l’Arkansas et de la Louisiane (c’est là que l’histoire se déroule sinon je vois pas pourquoi je parlerai de ces deux Etats dac ?). Bref, au delà du fait qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, je crois que Steve Weddle est du genre de ces araignées qui maitrisent totalement l’art de tisser une toile.


(je t’explique pourquoi si tu veux, sinon t’as juste à acheter le livre, vu comment c’est brillant)


Au début, toi la petite victime de lecteur, t’es tranquille entrain d’accepter ce qui te tombe sous la main, tu te ballades à l’aise au fil des pages, ouvert, oklm et puis.


Et puis tu sais pas pourquoi mais tu te prends les pattes dans un truc que tu maitrises pas, t’es fasciné un peu alors tu continues, dévorant une page après l’autre pour tenter de comprendre, de créer du lien entre chaque chapitre. Oui, c’est important de dire aussi que Le Bon Fils est un roman choral (avec plusieurs narrateurs), alors forcément t’es vite déboussolé.


Il te faudra quasiment attendre la dernière partie du bouquin pour que tout prenne forme et que tu comprennes que tu vas t’faire bouffer par un truc grandiose. C’est balèze nan tu crois pas d’arriver à faire ça ?


Sans compter l’ambiance de ce Sud des Etats-Unis qui te fera penser à du Steinbeck version noire et pourtant bigrement humain. Des réflexions sociologiques, religieuses, économiques, à l’échelle de « petites gens » dont tout le monde se branle en temps normal. Le tout en 200 pages !


J’pense qu’on peut au passage souligner la qualité de la traduction parce que le ton est vraiment particulier, un narrateur, une façon de dire, POW.


Si t’aimes bien les polars américains populaires, si t’as kiffé Aux Animaux la Guerre de Nicolas Mathieu mais que t’es curieux de voir ce que ça pourrait donner en version américaine, va chercher Le Bon Fils chez ton libraire !

LouKnox
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le 2 juin 2020

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Lou Knox

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