Bon, petite remarque préliminaire avant de débuter une critique qui se voudra, je vous le jure, très honnête: j'apprécie Nine Gorman. C'est, avant d'être une auteure, une booktubeuse plutôt reconnue dans le milieu (en tous cas, une des plus suivies). Et force est de constater que c'est mérité: elle est enjouée, passionnée et ses vidéos sont de très bonne qualité. C'est ainsi que, de temps à autre, je m'égare avec plaisir sur sa chaîne.
Après, on ne va pas se mentir non plus: niveau goûts littéraires, on est pas vraiment dans la même veine. Si vous lisez de temps à autre mes critiques, vous savez l'aversion générale que j'ai pour la bit-litt et autres "mouvances" fantastiques ayant gangréné les doux rayons "fantastique" de mes librairies préférées. Cela ne m'empêche pas de lire un ou deux bouquins du genre, chaque année, et souvent ceux qui ont fait le plus parlé les communautés de fans. Et je dois avouer qu'en plus de ça, je ne suis pas très ouvert à la découverte.
En-dehors des Twilight, pas bons mais honnêtes précurseurs de la popularité de ce genre d'histoire, le reste m'est très douloureux. Et par reste, bit-litt ou autre, j'englobe beaucoup de bouquins. Car voyez-vous, j'ai l'intime conviction, et le Pacte d'Emma ne sera certainement pas le livre qui changera mon idée, que des bouquins comme "50 Nuances de Grey", "After", "Twilight" ou "Les Etoiles de Noss Head" sont exactement de la même trempe.
Le seul variant ici est le public visé. On préfère évidemment que son adolescent(e) s'émoustille autour des rougissements de Bella plutôt qu'autour des orgasmes d'Ana. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas prendre un malheureux élément fantastique pour discriminer ce genre de livre. Les mécaniques et symboles sont toujours, toujours, toujours les mêmes. Andrew, dans ce livre, est un vampire. Pacotille, c'est un Christian Grey comme un autre. Enfin.
Alors on a tout le bazar, New Adult, Young Adult, Bit-litt, moi je n'y comprends personnellement rien, et étant donné que j'ai un âge suffisant pour voguer entre toutes ces catégories sans effaroucher ma pudeur, autant se le dire: c'est pour moi, lecture après lecture, le même bouquin.
Loin de moi l'idée d'accabler le livre de Nine Gorman de plagiat. Evidemment pas. Mais n'allons pas rêver, il n'y a ici rien de révolutionnaire. Je vais me contenter de relever quelques faits marquants.
Déjà, ce n'est pas trop mal écrit. Et comme souvent avec ce genre d'histoire, cela se lit très bien et le livre est fini en deux temps trois mouvements. Nine Gorman n'est donc pas un manche à l'écriture, au contraire, c'est plutôt très fluide.
Deuxièmement, le cliffhanger de fin est très bien trouvé. C'est assez excitant, cela remplit son rôle haut-la-main: on a envie de lire la suite.
Si l'on aborde rapidement les personnages, je sens que je vais vous perdre avec des banalités. Emma est comme toutes ces héroïnes de roman: sensible, seule, vierge (physiquement et "spirituellement", si je puis dire... "Innocente", si vous voulez), attirant de manière incompréhensible tous les beaux mecs à la ronde, se découvrant soudainement une sexualité débridée et un étrange goût pour les "bad boys". Bad Boys honteusement pompés de Christian Grey, pourtant pas une figure masculine de référence, si l'on prend un peu de recul sur les choses. Là, c'est la même. On peut trouver Andrew tour à tour, selon l'humeur, amusant, ultra-stéréotypé, inquiétant (mais au sens "je me sentirais mieux avec un tazzer dans la poche à proximité de lui"), dérangé, manipulateur mais bien sûr beau, sexy, et tout ce qu'on voudra.
Evidemment, un couple qui se fait et se défait, c'est trop simple, donc on rajoute notre bonne vieille figure du triangle (carré?) amoureux, et nous voilà bien parti pour un roman qui suit les rails dessinés par ses prédécesseurs.
Alors, on me dira: et la maladie d'Emma? Hof, elle est quand même assez anecdotique. Certes, elle a son importance dans les grandes lignes de l'intrigue, mais dans le déroulé du livre, franchement... Et qu'est-ce donc, après tout? Un Huntington déguisé? Des chutes, un peu d'hallucinations, des amnésies antérogrades? J'avoue que, en cette fin d'externat de médecine, ça ne m'a pas franchement convaincu. Mais bon, ce n'est pas un reproche honnêtement valable.
Malgré tout, je ne peux pas clôturer cette critique sans préciser que c'est un livre plutôt agréable à suivre. Et c'est quand même le plus important. Je n'ai absolument pas passé un mauvais moment à la lecture de ces pages.
Au contraire, ne lisant que peu de bouquins de ce genre, cela reste pour moi assez plaisant à suivre. C'est plus léger que Bukowski, quoi. Et je pense que dans cette multitude de romans similaires, "Le Pacte d'Emma" se démarque plutôt du lot, en bien, évidemment.
Alors, loin de le déconseiller, je préférerai m'en tenir à mon rapport habituel à la bit-litt. Je lirai avec plaisir le tome 2, car je reste assez curieux du chemin que va emprunter Nine Gorman.