Oublions la parenthèse des Allmen, exercice divertissant mais anodin. Avec Le temps, le temps, Martin Suter revient à son genre de prédilection que, faute de mieux, on appellera le thriller métaphysique. En gros, il s'agit ici de faire la nique au temps qui passe, qui n'est qu'un leurre puisqu'il n'existe pas (le temps). Oui, bon, l'écrivain suisse explique tout cela bien mieux et en plus, il prend tout son ... temps. L'idée est de reconstituer, à l'arbuste et au pied de lampe près, l'environnement d'une journée de 1991, quand les épouses des deux héros du livre étaient encore vivantes. Comme souvent chez Suter, l'intrigue du livre est une implacable mécanique de précision au service d'un concept qui frise ici l'abstraction. Entre analepses et mise en place minutieuse d'une stratégie pour retrouver le passé, l'auteur nous noie parfois sous les détails les plus prosaïques même si l'humour vient de temps à autre faire diversion. Sous le couvert du thriller nimbé de fantastique, le vrai thème est pourtant celui du refus du deuil qui donne une tonalité très grise et triste au roman. Son dénouement est particulièrement déconcertant, une pirouette qui discrédite pratiquement tout ce qui a été écrit les 300 pages précédentes. Evidemment que cela doit amuser Suter d'auto-détruire in fine son roman mais c'est c'est diablement frustrant.

Cinephile-doux
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le 18 janv. 2017

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