Jusqu'ici on connaissait les histoires de parents toxiques mais avec Les lieux infidèles, un polar de Tana French (une américaine qui vit en Irlande) on a carrément affaire à une famille radioactive, façon tchernobyl.
Le père boit et bat sa femme, jusque là rien que de très banal à Faithful Place, un quartier déshérité de Dublin (ou d'ailleurs), mais c'est qu'il y a les frères et les sœurs et même les voisins.
On comprend donc sans peine que le jeune Francis McKey a voulu quitter et sa famille et son quartier.



[...] On était dans les années 80 et l’émigration constituait l’une de
nos trois possibilités de carrière, avec les trafics de mon père et
les indemnités de chômage.



C'était il y a vingt ans, sa petite amie venait de partir sans lui.
Depuis, Francis est devenu flic et désormais divorcé d'une femme chic.
Mais le passé finit toujours par nous rattraper, air connu : vingt ans plus tard, on vient de retrouver une valise dans une maison délabrée de Faithful Place, le quartier où vit toujours sa chère famille. La valise serait celle de la jeune Josie, son amour de jeunesse que tout le monde croyait partie au loin.
Après la valise, on découvrira un cadavre pas très frais : la jeune fille n'était donc pas partie bien loin ...
Cette scène de crime est le point de départ d'un contexte original, un prétexte dont Tana French se sert habilement pour nous dépeindre le Dublin d'hier et d'aujourd'hui, où jeunes et chômage grandissent ensemble à l'ombre des usines Guinness.
On retrouve ici un peu du déterminisme social et familial qui nous avait marqué en Suède il y a quelques jours avec le Syndrome du pire.
Le flic prodigue de retour dans ses quartiers va donc mener l'enquête pour découvrir ce qui était arrivé à son amour d'enfance : dans une construction en spirale, les souvenirs vont remonter à la surface un à un, les secrets enfouis vont être révélés chacun leur tour, et comme lorsqu'on pèle un oignon, les différentes pelures de vérités vont apparaître peu à peu.
Car dans ces lieux infidèles le passé pèse très lourd et Francis lui-même semble cacher quelques parts d'ombre.
Au-delà de ce contexte social et familial, rien de bien original : la prose de Tana French est honnête et se lit facilement et visiblement elle a le sens du dialogue bien écrit, les personnages manquent peut-être un peu d'épaisseur, l'auteure s'appesantit un peu longuement (le bouquin fait 500 pages tout de même) sur les souvenirs d'enfance et l'on n'accroche que moyennement au personnage principal (peut-être la forme du récit à la première personne du 'je'). Reste un honnête bouquin qui a le mérite de nous faire découvrir un peu de l'histoire urbaine de Dublin.
Pour celles et ceux qui aiment les pintes de bière.

BMR
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le 20 juin 2015

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