Celui ou celle qui aime la Provence pense de suite à Pagnol, certes, mais ne peut délaisser de l’esprit un maître à penser sublime, auteur de «gionisme» , il s’agit de Jean GIONO. Tant pis, j’aurais pu faire durer le plaisir.
Pour pouvoir parler des «vraies richesses», il est incontournable de connaître un tant soit peu l’auteur. Évidemment, dire que le petit Jean a ouvert les yeux à Manosque ne parait pas suffisant, la richesse se trouve un peu plus loin, s’acheminant dans le sentier de sa vie.
GIONO peut faire penser à tant d’autres dont il est inutile ici de lister des noms; son œuvre est abondante, que dis-je, multiforme. Poèmes, pièces de théâtre, scénarios pour cinéphiles, essais, pourraient constituer sa fierté dans l’ouvrage. L’homme apparaît comme un conteur inlassable; son imagination est insatiable, il est toujours prêt à tirer de son imaginaire fécond des histoires aux résonnances allégoriques pourvues de vie et de réalité.
Ce qui caractérise GIONO est sans nul doute le don de la narration; voilà qui est dit.
On s’accorde généralement à considérer trois étapes fondamentales dans son parcours romanesque: des premières œuvres imprégnées de culture biblique et grecque (ceci ne vous rappelle rien? Giraudoux par exemple, et pour ne citer que lui), seraient nées une morale et une conception du monde qui firent le succès de GIONO, toujours en quête de valeurs spirituelles.
Mais revenons à notre roman, «les vraies richesses», une histoire qui lapide à raison l’ère citadine, synonyme de machinisme et technologie à outrance; l’auteur trouve des arguments de valeurs pour mettre en exergue la nature, ses joies et son perpétuel renouveau. GIONO nous montre par les textes son élan visionnaire et virtuose; l’amoureux du cadre bucolique parait ressusciter après chaque ballade d’épanouissement provençale.
GIONO s’improvise ainsi prophète d’une ère nouvelle dont «ses vraies richesses» constituent son crédo. De fait, en préface à son ouvrage, l’auteur nostalgique n’hésite pas à reprendre des stéréotypes à la façon de ROUSSEAU (le moyen connaisseur s’en rendra compte sans trop de peine): «Les bêtes sauvages sont admirables. Un renard saute deux mètres en hauteur, tant qu’il veut. Le cœur d’un oiseau est une merveille. Le poumon des canards sauvages est une joie et une richesse formidable pour le canard. La société construite sur l’argent détruit les récoltes, détruit les bêtes, détruit les hommes, détruit la joie, détruit le monde véritable, détruit la paix, détruit les vraies richesses»
De l’idéalisme, bien sûr, mais surtout une bonne dose de clairvoyance dans l’évolution du monde; GIONO avait plus que du discernement, il avait l’intelligence des mots et de l’esprit.
Tempuslegendae
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le 14 oct. 2013

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