Quoi de plus facile à lire qu'une écriture-parlée me direz-vous ? Se sentir emporté par l'histoire, comme si l'auteur lui-même contait devant nous, prenant telle intonation, telle tournure, ... Toutefois, concernant la lecture du livre de Nicolas Marchal, qui use et abuse de ce système, a été une réelle épreuve ! Peut-être est-ce par le conditionnement dont j'ai été le cobaye depuis des années de lecture. Un livre = présentations de personnages, schéma narratif scolaire, phrases complètes et avec un sens etc. Pourtant, les Conquêtes véritables bouscule tous ces principes acquis dans notre culture.

Nicolas Marchal est un jeune auteur belge dans l'espace littéraire, ayant à son actif 2 romans : les Conquêtes véritables et la tactique katangaise. Pour son premier roman, il a reçu le prix Première (attribué par un jury de 10 auditeurs) et a été édité dans la collection des Auteurs à suivre des éditions namuroises. Il concilie l'écriture avec son travail de professeur de français dans l'enseignement secondaire.

Dans les Conquêtes véritables, l'auteur a choisi de parler d'un sujet lourd dans la littérature : Napoléon. Qui n'a jamais remarqué ces livres ressemblant à des encyclopédies mais reprenant toute la vie du grand (petit ?) homme selon différents points de vue. Ici, le roman fait fie de tout ça. Napoléon n'est pas le héros principal, mais reste la connexion entre tous les intervenants. N'est-ce pas ainsi que le livre commence ? Par le déménagement dans la vielle bâtisse patriarcale pour une durée déterminée (celle de la construction de leur maison) d'un écrivain et de toute sa famille, de l'installation de celui-ci dans la bibliothèque personnelle de feu le maitre de maison.

L'écriture de Nicolas Marchal peut-être vu, grâce à l'aide de Paul Emont dans la préface, comme un pied de nez aux récits faits en continuité : « Arme essentielle pour que la légèreté puisse en découdre avec l'ordre historique et militaire : le fragment ». Mais ce pied de nez ne risque-t-il pas d'effrayer les lecteurs ? De passer d'un ouvrage pesant sur la Seconde Guerre Mondiale de près de 1 400 pages à un livre aux chapitres de deux pages maximums, comment ne pas se sentir déboussolé ? Nicolas Marchal utilise ce système, comme Céline l'a fait avant lui pour son Voyage au bout de la nuit. Je ne m'hasarderais pas à faire une comparaison critique, n'ayant pas lu ce dernier en entier. Mais j'ai pu voir une certaine similitude dans l'écriture parlée. Le narrateur, quel qu'il soit, s'adresse au lecteur, l'amenant dans une conversation passive (le lecteur n'a aucune possibilité de réponse).

Le nom de Céline, employé dans le paragraphe ci-dessus, peut en choquer certains. Cet auteur est bien sûr devenu un sujet sensible à cause de son antisémitisme flagrant. Nicolas Marchal le cite dans son roman, accompagné d'autres nom célèbres : « Rimbaud mort parfait inconnu. Céline dans le Robert et la Pléiade de son vivant, mais combien haï. Cendrars laissant des paquets de veuves. Canonisation. » (p. 60). Est-ce là un hommage rendu à ces hommes, des modèles sur lesquels Nicolas Marchal s'appuient ... Rien n'est moins sûr.

Nicolas Marchal réussit quand même à me séduire par le choix incongrus de ces personnages. Un écrivain en panne d'écriture devant un sujet trop fort pour lui ; un vieil homme, mort depuis longtemps, mais qui hante encore sa bibliothèque et ses occupants ; les livres-même encombrants de tout le poids de leurs sujets les étagères ; un homme réalisant pour le plaisir (ou plutôt pour la bouteille) les guerres napoléoniennes. Je ne sais donc exactement comment me situer par rapport à ce roman. Le thème est attrayant mais le style m'a énormément bloqué. Les conquêtes n'ont jamais été choses aisées ...
CatherineT
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le 22 mars 2012

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CatherineT

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