Ce n'est pas un roman. Un recueil de nouvelles, plutôt, enchâssées dans de brèves descriptions touristiques d'une ville du sud de l'Inde, au bord de la mer d'Oman. Une cité qui n'existe pas, censée symboliser le pays tout entier. Les ombres de Kittur s'intéresse avant tout aux petites gens, à leur destin, qui semble tout tracé depuis l'enfance, quels que soient leurs efforts pour se sortir de leur condition. Une vision noire, bien dans la manière d'Aravind Adiga, découvert avec Le tigre blanc. L'ensemble est assez inégal, certains récits semblent suspendus dans le temps et inachevés. D'autres, en revanche, ont une puissance peu commune, comme l'histoire de ce serviteur au service d'une grande dame et qui, peu à peu, se rend indispensable au point de croire qu'il peut s'élever jusqu'au rang de sa patronne. Il tombera de très haut. La misère, les castes, la corruption, les haines religieuses, la diversité des langues : c'est tout l'Inde que Adiga tente de concentrer en 350 pages. Sans nier son talent, la mission est impossible, c'est un pays qui ne se met pas en conserve, trop complexe, trop difficile à comprendre. Reste la qualité de la narration et tous ces personnages qui touchent par leur énergie et leur rébellion. Paradoxalement, si le propos est ambitieux, c'est dans l'humilité que l'auteur est le plus convaincant.

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le 10 janv. 2017

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