Ce roman, c’est l’histoire d’un homme à travers trois époques de sa vie. A 18 ans, le narrateur se passionne pour la philosophie. Posters de Marx et de Hendrix dans sa chambre, le cœur ancré à l'extrême gauche, il voit sa mère emportée par le cancer et être remplacée dans la foulée par une inconnue. Première déconvenue amoureuse avec la belle Erika qu’il aura rejointe à Berlin sur un coup de tête, en vain. Puis nous le retrouvons quarantenaire, au milieu des années 90. Devenu enseignant, divorcé de Maria, père d’une ado, il recueille un élève venu de Serbie et a une aventure avec sa mère, Ivana. Elle disparaîtra sans laisser de trace. Troisième temps, troisième époque. A la veille de ses 60 ans, grand-père depuis peu, il déambule seul dans les rues de Rome et rencontre Jessie, une photographe qui pourrait être sa fille et avec laquelle il part vers le sud…


A quoi tient la vie d’un homme ? Pour Jens Christian Grondahl, essentiellement aux femmes qui l’ont traversée. Du moins celles avec lesquelles nous passons « plus qu’une simple nuit de hasard ». Lisbeth, Erika, Adèle, Viviane, Maria, Ivana, Benedicte, Jessie. Des femmes aimées et perdues qui nous laissent parfois penser que l’on est passé à coté de l’essentiel. Ou pas. Quoi qu’il en soit, aucune raison de dramatiser pour autant. Il reste forcément quelques regrets mais on finit toujours par s’en accommoder.


Que j’ai aimé ce portrait sobre, mélancolique mais jamais geignard et surtout ne jouant pas sur la corde du « c’était mieux avant ». J’ai apprécié retrouver ce « même homme à des âges différents, avec des nuances différentes, avec une répartition de connaissances et d’espoirs, de pesanteur et de vivacité qui n’était plus tout à fait la même ». Il m’a touché ce narrateur fou de livres et de culture, amoureux de son métier, « arrogant et plein de doutes sur lui-même », ce solitaire conscient que la vie des siens, dont il ne s’est jamais vraiment préoccupé, « avait continué dans toutes les directions, sans [lui] ». Rien de plaintif donc, chez celui qui n’a jamais eu peur de vieillir, considérant au contraire que « les ans sont comme une lente arrivée vers moi-même. »


Un texte superbe sur le temps qui passe, le désir et la tristesse de son assouvissement, le désenchantement comme marque de fabrique du bourgeois occidental. Tout en pudeur et sans esclandre. Un régal.

jerome60
8
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le 15 févr. 2016

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jerome60

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