Pendant une vingtaine de jours, un fils va tenter de faire entrer sa mère dans son univers, cherchant à briser les murs de silences bienveillants qui ponctuent trop souvent leurs échanges.
"Je dis que je souhaite la retrouver, que je veux discuter avec elle, que nos systèmes s'excluent et que nous ne sommes jamais ensemble. […] Ma mère dit : ‘'Mais nous sommes ensemble''
Lui est un lettré, athée, il a quitté l'Algérie. Elle est analphabète, pratiquante, elle est revenue au pays. Il est homosexuel, elle attend que son fils se marie, de préférence avec une musulmane.
Leur amour s'exprime dans leur partage de la bonne chère, les ballades faites ensemble ou lorsqu'ils entonnent en cœur une chanson de Warda.
Le fils tente de poser des "mots" sur les "maux" qui les empêchent de communiquer pleinement à travers la lecture du Livre de ma mère d'Albert Cohen. Choix réfléchi d'une mise à distance par un récit avec des protagonistes juifs, qui exprime le même amour d'un fils pour sa mère, malgré des obstacles semblables aux leurs.
Un beau texte habité tantôt par une langue d'une grande musicalité, tantôt par des non dits qui incarnent le respect mutuel qu'ils accordent aux valeurs de l'autre.
Ce récit brille par son approche fine et toute en retenue de deux sujets d'actualité rarement associés homosexualité et Islam.
Néanmoins le peu de pages m'a empêché de m'imprégner véritablement de cette histoire. Avec le temps, ce récit devrait me laisser le même goût d'inachevé que cette tentative de communication entre mère et fils.