Une tempête qui cogne aux fenêtres, un repas de famille. Voilà le cadre de cette pièce de Fabrice Melquiot. Les pièces dont la trame éclate au grand jour lors d'un repas de famille n'est pas vraiment une grande nouveauté, Il est rassurant de savoir tous ses personnages dans un même lieu, à un moment donné. Les bases des trois unités que le théâtre classique tenait pour si sacrées. Mais Marcia Hesse n'est pas une oeuvre au contenu éculé, banal et fade. Fabrice Mélquiot présente là un texte abouti, certainement un de ses plus réussis en ce qui concerne l'effondrement du monde, sujet récurent de ce jeune dramaturge dont une reconnaissance des plus méritées commence à poindre dans le monde littéraire et artistique. Disons-le clairement : Fabrice Mélquiot nous offre ici autre chose qu'un simple repas : le vent qui hurle au dehors, la discussion qui s'envenime à l'intérieur, tout laisse penser à un écroulement ; celui du monde de cette famille en apparence si unie, dans un cadre presque apocalyptique. Le texte est incisif, rythmé et le crescendo mis en place permet de s'enfoncer toujours plus passionnément dans les scènes. Le sens de la langue est particulièrement exacerbée, la poésie, le texte sont des plus habiles. Il est souvent considéré désagréable de lire des pièces de théâtre ; avec des dramaturges comme Mélquiot et autres du même acabit (dans la droite lignée des Bernard Marie Koltès et autres...), on se rend vite compte que la limite entre théâtre, quotidien et littérature.
Alors, bien entendu, ce texte est parfois "étrange", préparé à la mise en scène : la ponctuation semble parfois s'éparpiller, s'envoler sous l'effet de la tempête qui fait rage. Il est certain qu'un travail stylistique, syntaxique est fait et assumé, ce qui ne plait pas à tous. Cela plus le sujet, assez dramatique, terrible dans son ensemble, pousse à donner une pièce atypique, pour laquelle les critiques négatives peuvent bien entendu être nombreuses.

Selon moi, il s'agit certainement d'une pièce très réussie, que je recommande sans attendre.
Kragtenn
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le 15 mars 2012

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