Le récit s’ouvre alors que le camp de Mauthausen, situé en Autriche, est libéré par les Américains. L’auteur, Iakovos Kambanellis y a été interné de 1943 à 1945. Il a alors 22 ans et il choisira de rester encore quelques mois à Mauthausen pour aider aux transferts des personnes encore présentes et recueillir les témoignages des survivants. Le livre a été édité pour la première fois en 1965 en Grèce. Une seconde édition paraitra, toujours en Grèce, en 1995 sous un format revu par l’auteur. Mais la France ne découvrira ce témoignage qu’en 2020.


C’est pourtant un récit majeur, comme peuvent l’être ceux de Primo Levi, Jorge Semprun, Simone Veil, Elie Wiesel, Charlotte Delbo, Marceline Loridan-Ivens et d’autres.


Un récit glaçant bien sûr quand Iakovos Kambanellis revient sur les atrocités commises, les tortures, les morts, les conditions de détention déplorables et la cruauté des SS. Mais c’est aussi un récit porteur d’une certaine lumière. Ainsi, les personnages qui accompagnent Iakovos Kambanellis durant ces deux années dans ce camp d’extermination et le temps que dure l’organisation des départs sont tous attachants et particulièrement intéressants par la multiplicité des caractères.


Et puis, il y a cet aspect, peut-être moins connu, de la manière dont les camps se sont libérés, dont les choses ont été prises en main pour rapatrier ces personnes qui ont souvent tout perdu et les rendre à une vie “normale” après les horreurs subies. Cet éveil à la liberté, à la possibilité d’une vie nouvelle mais toujours hantée par ce qu’ils ont traversé.


En cela, certaines scènes sont très belles, comme lorsque l’auteur décrit les femmes en train de broder ou de coudre à partir de ce qu’elles ont pu trouver autour d’elles. De cette envie de se réunir mais aussi de réapprendre à rire et à s’amuser. Mais aussi de cette crainte de ne pas être compris des gens de l’extérieur, de ne pas pouvoir raconter car comment rendre compréhensible l’insoutenable ?


C’est fort, émouvant, cela prend aux tripes, met les larmes aux yeux mais parfois amène aussi un peu de sourire, un reste d’espoir. Indéniablement un livre incontournable.

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le 22 avr. 2024

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