Il s’appelle Marceau et il grandit dans une famille en apparence classique : « Trois enfants, mère au foyer, père à carrure, une corbeille de fruits sans pépins. Une famille de ces maisons de briques, enveloppées de lierre, en retrait derrière une grille. Une famille sans histoire, cherchant l’adjectif ».


Sauf que. Marceau est trop sensible. Son père voudrait un fils solide, un vrai mec. Le temps passe, la mère sombre dans la dépression, le fiston traverse les années collège en souffrant, réservé et indécis quant à sa sexualité. Il est trop gentil Marceau, il veut toujours faire plaisir sans jamais penser à ce qui lui ferait plaisir. On l’appelle Marcelle, on se moque de lui en sport. Il s’isole, ne s’impose jamais aux autres. Il voudrait plaire au père mais celui-ci reste distant, froid, sans pitié. Les années défilent et un jour ce père implacable lui prépare sa valise et l’envoie chez un oncle, en Bretagne. Le garçon fugue, direction le sud-ouest, puis l’Espagne. Une vie d’errance, d’abord. Un port d’attache, ensuite. Une nouvelle vie, enfin. Partir, c’est mourir un peu. Mais pour Marceau, rester, c’était mourir beaucoup...


Un étrange roman d’apprentissage, tant sur la forme que sur le fond. Chaque chapitre s’ouvre sur une règle du jeu et les trois grandes parties ont pour titres « La partie », « La revanche », « La belle ». La vie est un jeu, on gagne (rarement), on perd (souvent), on triche (tout le temps). Un texte bizarre, dont je ne sais que penser. Peut-être trop singulier pour plaire à des ados. J’ai eu du mal à y trouver mes marques tant tout semble aller trop vite. Mais dans la seconde moitié, j’ai aimé accompagner Marceau vers l’émancipation, le voir atteindre son « stade méduse » : « Dans les mers, quand les cellules grandissent, on appelle ça le stade méduse. Les cellules quittent leurs racines. Elles se développent. Elles gagnent en liberté. »


L’écriture est superbe, la construction ambitieuse. Un roman jeunesse atypique qui interpelle et surprend. C’est déjà beaucoup.

jerome60
6
Écrit par

Créée

le 27 sept. 2016

Critique lue 162 fois

jerome60

Écrit par

Critique lue 162 fois

D'autres avis sur Mauvais joueurs

Mauvais joueurs
reref69
10

Superbe livre sur l'adolescence

J'ai beaucoup aimé ce livre. On y découvre le parcours du jeune Marceau qui se construit au fil de l'histoire. le livre est écrit avec une grande délicatesse. Chaque émotion, chaque malaise est...

le 8 sept. 2016

Mauvais joueurs
Kissed-by-fire
6

Critique de Mauvais joueurs par Kissed-by-fire

Marceau grandit dans une famille où le père adore jouer aux jeux de société. Sa mère est gentille, mais croit à des choses peu rationnelles; il déteste sa grande sœur, adore en revanche sa petite...

le 16 août 2016

Du même critique

Dans les forêts de Sibérie
jerome60
8

http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/12/dans-les-forets-de-siberie-calendrier.html

Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. De février à juillet 2010,...

le 17 déc. 2011

32 j'aime

1

Le Guide du mauvais père, tome 1
jerome60
7

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par jerome60

- Papa ! C'est quoi la pénétration ? - La pénétration c'est quand le monsieur est sexuellement excité et que son pénis devient tout dur. Ça s'appelle une érection. Ensuite le monsieur fait entrer son...

le 5 janv. 2013

27 j'aime

1