Premier roman d'une nouvelle série originaire du Royaume-Unis, "Menace sur la château" pose les bases d'un roman fantasy où les chevaux sont remplacés par des dinosaures, mais le résultat est très moyen.


Nous sommes dans le royaume de Panterra, plus précisément à Brecklan. le village est sous la garde de quatre dinochevaliers, tous très jeunes, et d'un couple de lord/lady, les Harding. Henry, le héro, est celui qui s'occupe des dinosaures et il aime sa tâche. Un jour, les dinochevaliers doivent escorter les Harding à la frontière sud. Mais l'intendant n'ayant pas averti la troupe qu'un T-Rex se promenait dans la région, Henry part avertir les dinochevaliers. Et effectivement, ils sont au prise avec le T-Rex, mais Henry va réussir à le dompter en une fois grâce à son don ( et en demandant aux autres de baisser leur épée, ça aide aussi). Sur sa nouvelle monture, henry et les autres dinochevaliers vont à la rencontre de Neville Avigdon des États du Marais. Ce dernier veut les baies spéciales que produisent les champs de Breckland pour en faire la production chez lui. Les Hardings refusent. C,est alors que Avigdon propose de régler leur différent par un tournois, ce qu’acceptent les Harding. Ils ont deux jours pour se préparer. Mais non seulement laissent-ils Brecklan sans défenses, voilà que leur hôte kidnappent les Harding en pleins premier combat. Il faudra donc les récupérer, combattre les dinochevaliers des Marais et arrêter la flotte aérienne qu'ils ont secrètement bâti et qui menace leur village privé de combattant.


Bon, déjà je précise qu'il s'agit d'un concept déjà existant. "Dinoknights", littéralement le titre de ce roman en version originale, est un jeu vidéo de jeu de rôle paru AVANT ce roman, en 2018. On notera aussi "The dinosaur lords", dans lequels on retrouve aussi des chevaliers chevauchant des dinosaures, trilogie de romans de Victor Milán, parue en 2016. Le gros du concept n'est donc pas du cru de l'auteur.


Ce roman, si on exclu le remplacement des chevaux par des dinosaures miniatures et les quelques femmes chevaliers, est très stéréotypé et le scénario est ennuyeux du fait d'être déjà mainte fois employé.


Côté personnages, nous avons le héro, Henry, qui a évidemment un talent spécial dont on ignore la provenance ( du moins jusqu'à la fin où on a la "Grande révélation") et qui se coltine les tâches ingrates avec une certaine humilité, parce qu'il aime s'occuper des dinosaures. Et bien sur, il va finir par avoir le plus gros dinosaure, en plus du talent, en plus de sauver le monde. C'est tellement cliché. On a quelques personnages pour graviter autour de lui: le beau garçon arrogant et mesquin blond ( Gaston), la fille qui n'a pas la langue dans sa poche ( Ellie), l'autre fille, Ysée, celle-qui-va-devenir-la-copine-du-héro ( je suis presque sur) dont on entend vaguement parler et le beau chef de groupe qui a un peu plus d'idée que les autres, mais qui au final, prend de mauvaises décisions et se comporte en germain ( "N'oublie pas que le chef du groupe, c'est moi!" P.47). Ah et un méchant qui veut envahir leur territoire, bien sur. Ils manquent tous de relief et on peut les caser dans un moule très facilement. Et en toute franchise, ce ne sont pas des lumières.


Ce qui m'amène au scénario. Bon déjà, on nous explique que le village a quatre dinochevaliers. Quatre? C'est tellement insuffisant!Et en plus, ils sont tous jeunes, où sont donc les anciens? le village n'est gardé que depuis quelques années, c'est ça? Ensuite, il y a cet intendant adulte trop con pour signaler un détail très important ( la présence d'un T-Rex sur la route vers la conférence de paix), obligeant un pré-ado de 10-11 ans à aller vérifier que tout va bien. Et cet ado va sauver tout le monde parce qu'il sait parler aux dinosaures. Soupir. Encore un. Je suis à deux doigt de faire a liste des personnages jeunesse qui parlent aux animaux, vous seriez choqué de voir comme c'est d'un banal affligeant. Puis, ayant sauvé tout le monde, notre héro est promut Dinochevalier, mais il a intérêt à se grouiller les fesses, ils ont un combat contre un autre village dans deux jours! Mais en deux jours, notre vaillant héro va encore une fois prouver qu'il ne sait faire exactement que le contraire de ce que lui a enseigné le Lord Hardling, c'est-à-dire "travailler en équipe". C'est donc SEUL qu'Henry va parvenir à sauver tout le monde - encore - épaulé de son T-Rex, puis d'un autre dinosaure volant chipé au méchant, Zia. Et personne ne semble avoir penser que de laisser le village sans ses cinq seuls combattants pour aller faire un combat est une mauvaise idée ( sauf moi, apparemment ), ce qui a permit au méchant de lancer sa volée de ptérodactyles envahir Brecklan. Mais comme Henry a voler Zia, ptérodactyle du méchant, il a réussi à donner assez confiance à cette dernière pour qu'elle parle à ses confrères, qui dans un acte spontané de rébellion, ont éjecté leurs combattants dans le vide. Monde sauvé. 3-0 pour Henry.


Même l'univers manque d'originalité: un marais moche pour les vilains méchants, un volcan qui s'appelle "Volcanica", une centième "Forêt Noire" ( à quand la Forêt Magenta ou Moutarde?) , un "océan mystérieux" et un "territoire du Nord" qui est situé à l'Ouest.


Finalement, on oublie souvent que dans ce genre de monde, la distance est grande à parcourir entre les lieux. de fait, dans les bons romans fantasy de type médiévaux, on oublie pas de faire savoir ce détail et les inconvénients que ça pose, du genre: manger trois repas par jours, faire des pauses fréquentes, trouver un logis le soir ou bivouaquer...parce que les chevauchés prennent des JOURS, et non une demi-heure! Sinon, pensez-vous que le méchant aurait eu besoin de faire une flotte pour envahir un voisin à moins de trente minutes de distance? Un autre détail m'aura bien fait rire: pourquoi les méchants se sont-ils donner la peine d'ouvrir la herse pour cinq dinochevaliers à la fin du roman? Ils auraient pu tenir derrière leur forteresse et envoyer leur bataillon aérien pendant que les cinq tenteraient une percée...ah, quand je disais que la stratégie de ces chevaliers, d'un côté comme de l'autre, était de bas niveau, j'ai presque envie de dire qu'ils n'en ont tout simplement pas.


Au regard des autres livres que j'ai lu pour cette tranche d'âge et dans ce type de répertoire fantasy, c'est un roman qui ne vole pas haut - sans mauvais jeux de mots. le registre est très convenu, la trame déjà vue, les personnages stéréotypés et tous très secondaires, l'univers très peu développé, la stratégie militaire à la limite de la bêtise, le tout truffé d'incohérences spatiales, un scénario ennuyeux, les noms foireux choisis pour les lieux et un héro pratiquement parfait qui sauve tout le monde encore une fois. Même leur slogan "apprit par coeur" m'a fait rire: il faut combien de temps pour apprendre par coeur un slogan de QUATRE mots?


Je réitère qu'écrire pour la jeunesse ne justifie pas de prendre les lecteurs pour des imbéciles et c'est le sentiment qui m'a habité tout du long. J'ai lu de bien meilleurs romans dans cette catégorie. Et beaucoup mieux écrit. le niveau de français ici est celui du premier cycle primaire et non du second Or, le lectorat est le second cycle primaire.


Les quelques points forts: sa combinaison entre chevaliers et dinosaures, ainsi que ces résumés en haut de page de chaque chapitre ( lecture assistée). ce peut être intéressant pour les jeunes qui ont peu de mémoire ou qui laisse beaucoup de temps entre chaque lecture. C,est la première fois que je vois des résumés à chaque chapitre, alors je ne sais pas trop si on ne prend pas encore les lecteurs pour des imbéciles ou si c'est vraiment pour apporter une forme d'assistance.


Donc, le libraire jeunesse en moi trouve ce roman assez inadapté et mal conçu, pour toutes les raisons évoquées plus haut, certes, mais aussi parce qu'il en existe des meilleurs.


En voici:



  • Dragonland, de J.Heliot ( pour les amateurs de chevaliers, de héro ayant un lien fort avec les animaux et un univers moyen-âgeux)

  • SOS,Créatures fantastiques, Tui Sutherland, ( pour un héro qui parle aux animaux fantastiques)

  • Amos Daragon, Bryan Perro ( Monde magique et fantasy)


P.S la couverture en version française est très enfantine, comparée à celle de la version anglaise, assez épique et plus adaptée au groupe d'âge.

Shaynning

Écrit par

Critique lue 34 fois

Du même critique

Heartstopper
Shaynning
6

Critique de Shaynning

Cette Bd, qui a un format de roman, donne le ton dès sa couverture: deux gars qui sont appelés à se rapprocher malgré des looks plutôt différents. Même les couleurs illustrent d'emblée la douceur de...

le 24 févr. 2023

4 j'aime

Le Réveil du dragon - Brume, tome 1
Shaynning
8

Critique de Shaynning

Incontournable BD Jeunesse Juillet 2023Quel petite pépite cette BD. Une introduction originale, un personnage principal de type témoin, une petite sorcière dont la confiance en soi n'a d'égal que ses...

le 30 juil. 2023

3 j'aime

2