Mila 18
8.6
Mila 18

livre de Leon Uris (1961)

En même temps que je revisionnais la série "holocauste", je relisais "Mila 18" cet excellent et terrifiant roman de Leon Uris.
J'avais lu ce roman une première fois quand j'avais une vingtaines d'années et j'avais été ébloui par la dimension épique et historique de ce roman qui se focalise sur la Pologne et en particulier la communauté juive d'août 1939, date de l'invasion nazie, à décembre 1943 après la liquidation du ghetto de Varsovie.
Pour la petite histoire, je l'avais aussi acheté en espagnol et en anglais (je ne l'ai pas trouvé en allemand) pour travailler les langues pendant mon service militaire. Autant dire, que je connais plutôt bien ce livre passionnant.


D'abord la construction du livre qui est bâtie sur 4 grands chapitres "A la tombée du jour", "le Crépuscule", "les ténèbres" et "l'Aube". Chacun des sous-chapitres commence par l'extrait d'un journal écrit au jour le jour par un historien (imaginaire) qui sert de cadre à l'action proprement dite du roman que ce soit du côté nazi , polonais ou juif.


Mais surtout, Leon Uris "met en scène" des personnages absolument inoubliables une fois qu'on y a goûté. D'autant inoubliables que peu finalement survivront.
Les personnages juifs relèvent de plusieurs tendances entre les communistes, les sionistes, les révisionnistes, les orthodoxes, etc. L'un des enjeux du livre est de tenter de comprendre comment la révolte a été un concept que la plupart des gens ont eu du mal à admettre et à adhérer. L'historien "imaginaire" dont je parlais tantôt, par exemple, de tendance sioniste, s'occupait aussi de gérer un orphelinat et mesurait chaque jour le risque et les conséquences d'une révolte concernant les nombreux enfants orphelins et n'admit que sur le tard, le dos au mur, la nécessité de la révolte.


Aucun manichéisme dans le livre qui analyse froidement les évènements : on trouvera de parfaits salauds chez les catholiques comme chez les juifs, prêts à tout pour un peu d'argent ou un peu de "considération" de la part des nazis. On trouvera, bien entendu, des gens de haute valeur morale chez quelques catholiques et les juifs. Pour ce qui concerne les catholiques, il faut bien avouer, entre ceux qui se voilent pudiquement la face comme la hiérarchie officielle de l'Eglise, ceux qui trouvent normal d'éliminer les "assassins" de Jésus et ceux qui tirent profit de la situation, il ne reste plus guère de "bons" catholiques dans un pays dévoré par un antisémitisme séculaire. Même si la communauté juive était très importante en Pologne, ce n'est probablement pas un hasard que les nazis aient implanté en Pologne la plupart des camps d'extermination …


Ce roman, comme d'ailleurs d'autres qui abordent ce sujet, fait partie de ces romans qu'on ne peut que difficilement lâcher, une fois commencés. Il est bouleversant car l'histoire racontée est terrible mais aussi parce que Léon Uris nous conte de magnifiques histoires d'amour quasi désespérées.
La seule lueur d'espoir qu'il laisse entrevoir est un possible avenir ailleurs, en Israël par exemple, mais rares seront les héros à pouvoir espérer y gagner leur ticket d'entrée.


Quelques années avant, en 1958, Leon Uris avait écrit "Exodus" dont le sujet était la conjonction de quelques rescapés juifs devenus apatrides et du contexte politique d'après -guerre favorable à la création de l'Etat d'Israël.

JeanG55
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 20 des romans

Créée

le 23 déc. 2021

Critique lue 221 fois

4 j'aime

JeanG55

Écrit par

Critique lue 221 fois

4

Du même critique

La Mort aux trousses
JeanG55
9

La mort aux trousses

"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...

le 3 nov. 2021

23 j'aime

19

L'Aventure de Mme Muir
JeanG55
10

The Ghost and Mrs Muir

Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...

le 23 avr. 2022

22 j'aime

9

125, rue Montmartre
JeanG55
8

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

le 13 nov. 2021

21 j'aime

5