Peut-on aimer un livre avec un héros antipathique ?

Peu de livres s'articulent autour d'un personnage central antipathique.
*Moi et Kaminski" réussit le tour de force de prolonger une lecture qui pourrait s'annoncer de ce fait pénible.
Ceci grâce notamment au talent de conteur de Daniel Kehlmann qui - à la fin de chaque chapitre - nous pousse à connaître l'épisode suivant.


Retour sur le thème du livre
Un jeune journaliste, orgueilleux mais sans grand talent, se lance dans la biographie d'un ancien peintre de renom. Prêt à tout pour décocher un scoop, il s'enferrera dans des aventures abracadabrantesques.
Préparez-vous donc à affronter des situations étonnantes, très visuelles, parfois à la limite du burlesque.
Mais pour cela il vous faudra également survivre à l'horrible portrait du jeune critique d'art.


Deux thèmes sous-jacents sous exploités
Au-delà du scénario plutôt réussi, l'auteur nous propose en filigrane la critique :
- du marché de l'art contemporain,
- des névroses professionnelles reposant sur ou induisant une vanité exacerbée.
De fait, le charme de l'ouvrage repose plus sur l'intrigue bâtie sur du 2nd thème.
Le thème de l'Art est finalement traité de manière entendue, avec les clichés qui vont de pair.


En somme, sans "divulgacher" la fin de l'ouvrage, le livre souffre de 2 lacunes :
- le refus de transposer un stéréotype positif qui aurait vu rallier le lecteur à la cause de notre héros si détestable,
- l'absence de la magie salvatrice d'un roman initiatique.


Bref, le parti pris de l'auteur d'être plus dans la froide peinture que dans la mythologie rend le récit parfois drôle mais finalement vide de sens.
A lire Daniel Kehlmann, je conseille donc plutôt Les Arpenteurs du monde qui corrige ces 2 aspects.

Raider55
6
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le 12 oct. 2021

Critique lue 34 fois

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