No steak
7.4
No steak

livre de Aymeric Caron (2013)

" Tu sais, arrêter de manger de la viande, c'est aller à l'encontre de l'évolution humaine "

Je viens de finir No Steak et je ressentis le besoin d'en parler, j'ai d'abord hésité à synthétiser et parler du livre en soit, mais j'ai finalement opté pour une approche beaucoup plus personnel ( et beaucoup plus facile, qu'on se le dise) : raconter brièvement mon chemin parcouru avant d'arrêter définitivement la consommation de viande.


Depuis la tendre enfance, j'ai toujours été ce genre de fragile qui devant un film, fond en larme devant la mort d'un animal et reste (presque) indifférent à la mort d'un homme.
Donc ouais, niveau traumatisme émotionnel, Bambi ça se place là.
Je ne pense pas avoir été le seul dans ce cas de figure et je trouve d'ailleurs intéressant la perception de l'enfant envers les animaux.
Quand on y pense les films Disney ont généralement comme protagonistes des animaux, et les méchants dans l'histoire sont souvent... des hommes.
Choix logique ( et plutôt fidèle à la réalité ) étant donné que l'animal dans son innocence représente la pureté, la promesse d'un paradis terrestre perdue à cause de l'homme qui s'est déclaré maître de son environnement et sacrifia donc le bien être régnant entre la nature et les animaux.
Donc au fond, même si cette pensée chez l'enfant se produit sans doute inconsciemment et dans une moindre mesure, il n'en reste que l'empathie pour l'animal est beaucoup plus accru que celle pour l'homme.
Dans cette logique, je me demande comment se passe la prise de conscience de l'enfant quand il apprend que la tranche de jambon dans ses tartines provient d'un animal mort et qui a toujours été prédestiné à être abattu froidement afin de satisfaire les papilles gustatives de la race supérieur?
Le parallèle entre cette nouvelle et la nouvelle que le père noël n'existe pas reposent sans doute sur la même réaction. L'enfant doit renoncer à son idéalisme de vie innée et est obligé de consentir au monde construit par les adultes.
La dure loi de la réalité !
Cette transition est évidemment aidée par les les premiers bénéficiaires de l'élevage de bovins ;
L'enfant encore si jeune est incapable de développer son sens critique et ne peut qu'accepter la chose, et pour que cette acceptation se produise sans accros, les dirigeant des multinationales ont recours à différents moyens pour que la pilule passe plus facilement :
Contre vérité admise par la population, '' pour avoir de la force, tu dois manger ta viande ! / Si tu bois pas ton lait, tu ne grandira jamais ! / Les animaux sont inconscient quand on les tues, ils ne ressentent même pas la douleur ! … ''.
Les Pubs jouent aussi un rôle importants, grâce à celle-ci l'enfant arrive à dissocier sa tranche de jambon à l'animal mort qui n'est jamais présent vivant dans la pub en question, et les slogans prennent le relai en martelant cette illusion. Celle de la charcuterie Fleury Michon est assez représentative de l’hypocrisie du monde de l'agro-alimentaire :



On sait pourquoi c'est si bon.



Parce que le but final est bien là ne PAS savoir pourquoi c'est si bon.
Qu'est ce qu'en sait l'enfant d'où provient sa viande ? Grâce à se consensus sociétaire établie, l'enfant ne rencontre pas de sentiment de culpabilité, de malaise devant la chaire morte dans son assiette.
Quand cette prise de conscience se fera (si elle se fait), l'enfant aura grandi et face à la vérité de la traitance animale dans les abattoirs, un sentiment de malaise grandira. Mais ça sera déjà trop tard, la viande aura déjà depuis bien longtemps été ancrée dans son quotidien.
Et les habitudes on n' y touche pas, ou du moins on y re-touche très difficilement.
Mais bon de toute façon, après tout c'est ça grandir non ? Renoncer à sa sensibilité et faire avec certaines choses que la vie nous impose.
Alors que pourtant, manger de la viande n'est absolument pas naturelle, mais purement culturelle.


Le végétarisme dans ma vie m'est d’abord apparue comme une promesse que je me faisais à moi même '' Plus tard, je veux être végétarien !''. A l'époque ça me paraissait beaucoup trop compliqué à effectuer, donc on se console comme on peut, et quand on arrive enfin à s'auto-persuader, on peut facilement remettre les faits sous le tapis, et revenir à son durum sans trop de culpabilité.


A l'age de 16 ans, une autre problématique importante est apparue dans ma vie : L'écologie et les dangers imminents du changement climatique. J'ai commencé à voir de nombreux documentaire traitant de la question, et un sentiment d’incompréhension et d'horreur est né en moi. Comment est ce possible qu'on vit sur une planète qui meure chaque jour un peu plus à cause de l'homme, et que tout le monde agit comme si personne ne savait, ou pire que tout le monde s'en fout ?
Raisonnement un poil égocentrique, puisque évidemment je suis loin d'être le seul à me soucier de la survie de notre planète.
Mais les faits étaient là, l'homme et son arrogance envers la nature, était finalement arrivée à un point de basculement ou soit on allait jusqu'au bout dans ce règne suprême de l'homme blanc qui a réussit à régir son environnement selon son bon vouloir, ou soit on arrête les conneries et on agit pour changer les choses.
Je vais pas vous mentir à la base, mon premier résonnement fut '' C'est déjà trop tard et puis tout façon l'homme mérite de disparaître, pourvu que l'espèce qui lui succède soit moins bête ! ''.
Mais j'avais oublié qu'être cynique est pour moi une des formes les plus élevée de la bêtise, et donc que ce renoncement à un meilleur avenir était une contradiction en soit.
Mais alors comment agir ? Ne pas gaspiller l'eau, éteindre les lumières, retirer les prises.... C'était bien gentil, mais ça paraissait beaucoup trop minime comme intervention pour avoir la conscience tranquille. Donc je chercha la réponse dans les documentaires, et ceux-ci partageaient une idée commune : L'industrie de la viande est l'un des plus gros agents du dérèglement climatique.
Voulant explorer plus profondément le sujet, je regarda Cowspiracy, dont le visionnage produit une révolution intérieur et marquai les prémisses de mon changement d'alimentation. Un peu comme l'enfant innocent à qui on cache la réalité des abattoirs pour son bien, j'avais l'impression qu'il y avait réellement une autre conspiration vouée à cacher la nocivité démentielle de la production de bovin sur notre planète ! La belle affaire...
J'étais obligé de revoir mes perspectives lointaine du végétarisme..
Mais renoncer au confort de la viande, c'est pas facile, je me réjouissais pas à l'idée de confronter mon entourage et leurs idées préconçus dessus, ou encore d'être l'emmerdeur qui quand il est invité dit '' désolé mais je mange pas de viande '', et puis merde le canard laqué, les durums hebdomadaire avec mes potes, et surtout la tradition familial du poulet avec des frites le mercredi soir (source de grande réjouissance) y renoncer, ça valait vraiment le coup... ?
Mais mes convictions avaient heureusement la peau dure et j’entrepris de continuer à m'informer sur le sujet et décida de regarder Earthlings sachant qu'en la matière ce docu avait le potentiel de vraiment faire pencher la balance vers un régime végétarien.
Et là on peut le dire, j'eus ce que je voulais, avec la voix de Joaquin Phoenix et les vidéos de la réalité dans les abattoirs, la question ne se posait même plus, je me devais d'arrêter de manger de la viande, je ne pouvais continuer cette gentille hypocrisie. Et de plus grâce à Earthlings, j'avais gagné un nouveau sentiment indispensable pour une transition alimentaire facilitée : le dégoût profond devant n'importe quelle sorte de viande.
Depuis le visionnage de Earthlings, j'ai du faire 1 ou 2 écarts en l'espace d' un an.
Je dis pas cela pas pour m'en vanter, mais bien pour montrer qu'arrêter de manger de la viande n'est pas une privation fait un peu à contre-coeur mais réellement un choix en vu d'un épanouissement personnel. Je ne vais pas commencer à vanter les multiples bien-faits du végétarisme maintenant ( même si ce sujet fait l'office d'un large travail que j'ai entrepris dans le cadre de mes études), et à vous demander de devenir végétarien, mais d'un point de vue purement égocentrique, de ma petite personne, changer de régime alimentaire, est sans doute la chose que je regrette le moins. Il me semble important de le préciser parce que je sais par expérience que le végétarisme est perçu comme une contrainte moral difficilement vivable, mais au contraire, je pense même que vivre en accord avec ses convictions est fondamental pour un épanouissement personnel.


Je tenais à en parler via mon vécu, car ce ton me paraît le plus adapté concernant ce sujet, quand je lis des ouvrages à propos du végétarisme/véganisme, je trouve dommage le fait que les propos soient parfois aussi tranchés et que le tout peut passer comme une propagande, ce qui a souvent comme résultat de faire fuir les gens et même de développer un mépris pour ces gens jugées comme ''extrémistes''. C'est pour cela que les végans sont autant moqués aujourd'hui, mais pourtant très honnêtement je les comprends, je comprends leur envie de vouloir réveiller les gens sur l'absurdité et les conséquences sans équivoque de la viande.
Pourtant même moi, étant devenu végétarien, j'ai longtemps classé les végans comme des extrémistes en manque d’identités, alors qu' aujourd'hui je n'ai jamais été aussi proche de tendre vers une alimentation végétalienne. Mais ça reste un choix personel, et donc quand des amis me disent '' Ouais mais j'aime trop la viande, je pourrai pas m'en passer / Ouais, mais t'inquiètes j'achète de la viande bio! / Moi je fais de la muscu, j'ai besoin de viande !, ou encore peut être la meilleure de toute '' Tu sais quand tu coupe une salade, tu tues aussi un vivant !'', dans ces cas là, j’acquiesce avec peine et avec un peu-beaucoup d'hypocrisie je réponds souvent ''Je comprends...''.


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Cowspiracy : http://filmvf.cc/cowspiracy-the-sustainability-secret-vostfr-streaming.html
Earthlings : https://www.youtube.com/watch?v=2-Is7ZcacOU
Un blog très sympa sur le sujet: https://antigone21.com/2012/04/03/pourquoi-choisir-un-mode-dalimentation-100-vegetal-introduction/


«Ma mère était convaincue, et j'ai gardé à cet égard ses convictions, que tuer les animaux pour se nourrir de leur chair et de leur sang est l'une des plus déplorables et des plus honteuses infirmités de la condition humaine; que c'est une de ces malédictions jetées sur l'homme par l'endurcissement de sa propre perversité. Elle croyait, et je crois comme elle, que ces habitudes d'endurcissement du cœur à l'égard des animaux les plus doux, ces immolations, ces appétits de sang, cette vue des chairs palpitantes, sont faits pour férociser les instincts du cœur.»

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le 5 nov. 2017

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