Cela commence avec une jolie librairie.



Dans la jolie ville de Lyon, et plus précisément aux alentours de sa bouche de métro dégueulant à longueur de journée lyonnais et lyonnaises, vient d’ouvrir une charmante et intrigante librairie. Elle s’appelle « Le Dépôt Imaginaire », et sa devanture est bien belle ! Ce qu’elle promet l’est également : une librairie où l’on pourra trouver la majeure actualité des maisons d’édition indépendantes de l’imaginaire !
Loin de moi l’idée, lecteur de cette critique, de te rabaisser et de sous-estimer ton ouverture d’esprit ! Néanmoins, je tiens à préciser certaines petites choses... Editeur indépendant de l’imaginaire n’est pas éditeur d’amateurisme : nous avons autant de livres primés que de nouveautés alléchantes, d’auteurs connus comme inconnus. Et pour notre plus grand plaisir, nous avons quelques bons éditeurs indépendants en France, passionnés et passionnant. Alors profitons-en ! Il faut tout de fois, de temps en temps, passer outre quelques couvertures pas toujours de bon goût, qui semblent orienter faussement vers un nanar ou une série Z... Et également avoir un peu d’envie de découverte.
Mais il n’en est rien avec « Noé » de Sébastien Tissandier, qui possède une bien jolie illustration de couverture. Et il n’y a, décidément, dans « Noé » aucun amateurisme. Simplement un objectif, réussi par ailleurs, de faire simple et court. Une petite douceur pour le lecteur, sans prise de tête et avec des sentiments très chaleureux.


Un peu de douceur dans un imaginaire de brute !



Bienheureux celui qui se complait dans l’imaginaire actuel ! Car il en faut du bonheur devant des créations qui se tournent résolument, à chaque publication un peu plus, vers le sombre et le ténébreux. Les intrigues sont tortueuses, les réponses sans appel et asphyxiantes. Du moins, pour la majorité des publications actuelles. J’aime bien généraliser à outrance.
« Noé » prend à contrepied à peu près toute cette tendance générale. Car Noé est un livre plein de douceur et de bons sentiments. Cela se passe dans un futur où la téléportation est courante depuis que Noé, ingénieur de génie, a trouvé la faille. Les animaux ont pour la majorité depuis longtemps disparu, ce qui n’empêche pas Léo, le fils de Noé, de rêver d’eux jours et nuits. Surtout que Léo, à cause de l’invention de son père, devient progressivement et irrémédiablement aveugle... Son père bravera alors les interdits et voyagera dans le temps, dans le but de ramener ces animaux que son fils aime tant, à son époque...
Alors bien sûr, l’histoire est ce qu’on pourrait rudement qualifier de « gentille ». Mais ce qui est réussi, dans le propos de Sébastien Tissandier, c’est le ton que prend son histoire et la manière dont elle est introduite. Car l’intrigue n’est pas franchement exceptionnelle, et il y aura peu de surprises dans ce livre. La qualité de l’ouvrage réside dans ce côté « fable », ce côté « histoire au coin du feu », renforcé par son format court lorgnant plus du côté de la novella que du roman. Et un certain charme se dégage, finalement de toute cette douceur qui n’a même pas le temps de devenir écœurante : même le style, simple et honnête, de l’auteur, s’y prête.


Sans prétention.



Les qualités sont donc présentes, mais ne poussons pas le bouchon non plus : ce n’est pas transcendant pour autant. Le fait est que cela se lit si vite que l’on n’a même pas le temps de vraiment s’agacer des défauts, qui sont pourtant là. Si la simplicité et les raccourcis de l’histoire collent bien avec la fable et le côté « court roman », il faut tout de même accepter ce que l’auteur nous fait gober. Avec lui, on ne s’emmerde quand même pas trop avec les paradoxes temporels, et le côté science-fictif, qui n’est ici qu’un décor planté à la va-vite. Tout roule comme sur des roulettes pour les personnages, pour qui cette grande aventure est vite relativisée !
En bref, « Noé » est un bouquin sympa comme tout, que vous lirez en deux heures sans vous presser. Vous passerez à coup sûr un bon moment avec cette adorable histoire, qui ne prend cependant pas forcément la forme d’un grand roman ! Mais laissez-vous tenter, vous ne le regretterez pas.

Wazlib
7
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le 19 juil. 2016

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Wazlib

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