Un immeuble des plus banals avec des locataires menant leur vie comme tant d’autres dans le monde. A l’intérieur de cette façade des plus ordinaires, se trouve un homme obsédé par la propreté, qui passe son temps à attendre près du téléphone, anxieux comme si les ombres de l’extérieur allaient le dévorer. Une jeune fille qui rompt avec son petit ami et qui subit une expérience des plus bizarres dans le sous-sol de l’immeuble. Un grand-père possessif envers sa petite fille qu’il n’aime pas. Un cinquantenaire qui passe son temps à regretter le départ de sa femme. Au milieu de ses personnes, les ombres s’insinuent dans chaque recoin d’ombre, prenant de plus en plus d’ampleur, rendant les gens de plus en plus bizarres, jusqu’à leur chute qui sera des plus sanglantes.
Que dire de ce petit album, si ce n’est que c’est une petite perle d’angoisse. Gabriel Ba, Becky Cloonan, Vasilis Lolos et Fabio Moon, montent un huit clos avec des personnages très différents qui pourtant se retrouvent dans un côté perdu et surtout dans une folie collective qui ira jusqu’au bout. Les quatre artistes sont assez avares en mot, non pas qu’il n’y ait pas de textes, mais j’ai eu l’impression qu’il n’y en avait que le minimum afin de mieux nous laisser plonger dans l’ambiance, laissant le lecteur se faire sa propre idée et sa propre peur. A la fin de l’album, on se demande comment tout a pu déraper ? La force du quatuor réside dans la mise en scène et la montée régulière de l’angoisse jusqu’à son paroxysme.
Les planches sont magnifiques, le trait de Moon et Ba est reconnaissable et toujours maîtrisé. Ne connaissant pas les deux autres artistes, c’est une agréable surprise. Avec différents styles, les auteurs donnent une identité propre aux personnages et c’est un plus. La différence de trait n’est pas des plus grandes et comme il n’y a pas de couleurs, les différences sont gommées par un encrage lourd et très présent, mais volontaire pour renforcer l’ambiance sombre et angoissante voulue par les artistes.
Mon avis : une excellente surprise, qui rappelle des récits d’Hellboy, B.P.R.D., publiés chez le même éditeur.