Vinge nous décrit un avenir caractérisé par l'utilisation quotidienne et intensive de la réalité augmentée, et se lançant dans une course en descente contre les menaces terroristes provoquées par l'accessibilité croissante des moyens de destruction massive (l'ombre du 9/ 11 plane sur une escalade des attaques et des contre-mesures de sécurité, au point qu'on y affirme avec satisfaction qu'au moment d'initier l'action, plusieurs années se sont écoulées depuis la dernière attaque nucléaire sur le sol des Etats-Unis.


Le futur proche (2025) qu'il nous décrit est un monde de contrastes, où les merveilles d'une technologie informatique presque magique (bien que solidement soutenue par une utilisation éclairée des protocoles d'échange de données et de sécurité) sont contrebalancées par les menaces latentes que le même développement scientifique a rendu possible. De même, le thème de la singularité s’insinue dans une société qui subit un processus de changement continuellement accéléré, dont la fin peut être à la fois catastrophique et tout simplement incompréhensible pour les membres les plus âgés de la société.

Vinge profite de l'intrigue pour exprimer ses idées sur l'informatique et le développement social, avec par exemple des vêtements qui ont remplacé les ordinateurs personnels (au point qu'interagir avec la réalité augmentée s'appelle « s'habiller »), manipulés intuitivement par les jeunes et presque impossibles à comprendre et à manipuler pour les personnes plus âgées et des cercles d'opinion virtuels entre les adeptes d'un imitateur de "Terry Pratchett" et les fans d'une sorte de monde fictif de type Pokémon, qui s'affrontent dans des batailles semi-virtuelles spectaculaires (la bataille du destructeur des bibliothèques au cœur de ce conflit), ainsi que des services de renseignement prêts à agir avec toute la force nécessaire en quelques minutes contre toute menace imaginable (pour les plus inconcevables, cela prend un peu plus de temps).


Entre hommages littéraires (de Goethe à Lewis Carroll) et quelques attaques contre le cyberpunk (dont la véritable base informatique, malgré son influence ultérieure, était presque nulle), ce "Rainbows end" pourrait bien être vu comme une sorte de remake de Neuromancer , troquant les antihéros en marge de la société de "Gibson" contre des seniors un peu maladroits et des préadolescents technophiles.

Voici donc un roman qui a de la valeur non seulement par sa qualité littéraire, évidente et son l'histoire, intéressante mais aussi par l’environnement technologique dans lequel évoluent les personnages.

Avec ses sociétés secrètes et ses agences gouvernementales comme toile de fond narrative, le roman sert de base à toute une démonstration des capacités technologiques qui nous permettent de découvrir l'évolution de l'usage social de la technologie et son utilisation dans la vie quotidienne au cours des prochaines décennies. Un exemple d’anticipation technologique.

C'est de la science-fiction à son meilleur, pleine d'idées innovantes expliquées par leur utilisation quotidienne ; C'est dans la normalité et la vie quotidienne que ses possibilités, ses qualités et ses défauts sont observés sans avoir besoin d'explications, simplement en lisant le roman, le lecteur acquiert cette connaissance naturellement et sans s'en rendre compte.

On y voit les limites technologiques actuelles et les possibilités d'un monde où la technologie est tellement liée à la vie quotidienne que réalité et non-réalité se confondent. "Vernor Vinge" le fait sans prendre parti clairement, bien sûr, sans sermons ni critiques, il ne nous dit même pas que c'est quelque chose d'évitable, ni bon ni mauvais... c'est juste ce qu'il y a, ce qui va arriver selon lui.

Ainsi se combinent une intrigue de vieux bibliothécaires qui veulent préserver les livres de la numérisation d'une entreprise, une agence d'espionnage indo-européenne qui ne figure même pas dans l'organigramme des services de renseignement, un groupe d'étudiants curieux et un espion , Rabbit, qui, grâce à ses contacts et ses ressources surprenantes, met en échec les bons comme les méchants de l'intrigue.

"Rainbows end" est un livre à lire si vous aimez la science-fiction, ou simplement la science, ou les jeux de rôle, ou si vous rêvez simplement du futur. C'est amusant et on voit les personnages changer et évoluer, ce qui dans ce genre est toujours appréciable

D'autant plus que la théorie de "Vinge" selon laquelle le futur se rapproche chaque jour plus rapidement du présent semble de plus en plus se réaliser.

HenriMesquidaJr
8
Écrit par

Créée

le 3 sept. 2023

Critique lue 222 fois

2 j'aime

HenriMesquidaJr

Écrit par

Critique lue 222 fois

2

D'autres avis sur Rainbows End

Rainbows End
Naoki38
5

Singularité ? Non.

Que c'est mauvais. J'ai vraiment rien capté à l'histoire. L'intrigue des différents personnages, les petites affaires des uns et des autres, tout ça se mélange dans un bordel sans nom auquel il...

le 7 mars 2013

2 j'aime

Rainbows End
Pingolin
5

Le charme est rompu

Un ancien professeur est guéri de la maladie d'Alzheimer et se "réveille" en 2025. S'en suit sa redécouverte du monde où technologies et connaissances avancent à un rythme jamais vu (le concept de...

le 24 juin 2011

2 j'aime

Rainbows End
godferdom
8

Science Fiction 2.0

Tout d'abord, crevons l'abcès. On ne comprend pas grand chose à l'histoire de Rainbow's end. Et l'intrigue n'est pas la principale force de ce roman de Vinge. Alors pourquoi 8 sur 10 ? Parce que la...

le 8 juil. 2011

1 j'aime

Du même critique

Jonas
HenriMesquidaJr
8

Critique de Jonas par HenriMesquidaJr

Magnifique premier film d'un jeune réalisateur ultra talentueux et plein d'avenir. Je l'ai vu en avant première, les acteurs sont tous formidables et bien dirigés, le scénario est malin et tient en...

le 16 sept. 2018

10 j'aime

Werewolf
HenriMesquidaJr
8

Critique de Werewolf par HenriMesquidaJr

Attention pas de loup garou dans ce film qui n'est pas non plus un film d'horeur mais un drame psychologique. Nous sommes en 1945. La guerre vient de se terminer mais les premières semaines de paix...

le 2 oct. 2019

9 j'aime

L'Œuvre au noir
HenriMesquidaJr
9

Critique de L'Œuvre au noir par HenriMesquidaJr

Pour commencer, si vous avez l'intention de lire ce roman et que vos connaissances historiques sont faibles, il va vous falloir réviser. Je pense très sincèrement qu'il est indispensable de bien...

le 12 mars 2017

9 j'aime

2