L'intrigue de « Requins d'eau douce » démarre très fort, avec ce cadavre déchiqueté par un requin retrouvé dans une piscine sur le toit d'un immeuble de Vienne.

Mais, au-delà de l'intrigue, le plaisir vient du texte lui-même, jubilatoire, drôle, érudit et décadent – comme un viennois ? Et des personnages, et en premier lieu de Lukastik, héros incongru, inspecteur de police dont le nom sonne comme Béla Bartók, qui a abandonné une carrière de musicologue pour devenir inspecteur, qui conduit une Ford Mustang dorée, qui se déplace toujours avec un ouvrage de Wittgenstein dans sa poche dans lequel il pioche une phrase, un passage pour le guider dans les moments difficiles, et qui habite chez ses parents avec sa sœur.

« C'était justement cette phrase qui depuis longtemps avait inspire a Lukastik l'idée que, fondamentalement, c'était la vie non vécue qui importait, qui constituait la véritable vie. Que chaque être se distinguait par les choses qu'il ne faisait pas. Et que donc la valeur de l'individualité, son caractère, sa personnalité, ne s'exprimaient que dans l'abstention. Par exemple, Lukastik n'accordait aucune importance au fait de skier bien ou mal, vite ou lentement. Seul comptait le fait de ne pas skier. De renoncer en bonne logique a cette idiotie qui consiste a évoluer sur la neige en dehors de toute nécessité.»

J'espère retrouver bientôt l'inspecteur Lukastik dans une autre enquête.
MarianneL
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le 27 déc. 2011

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