Calme-toi, respire, c'est bientôt terminé

Ce livre est faible, d'une faiblesse qui est certes compréhensible puisque le livre fut écrit par une adolescente de 17 ans, mais je ne juge malheureusement pas un roman là-dessus.
Par quoi commencer ? C'est d'un manichéisme insupportable, tout en enchaînant le déjà-vu et les stéréotypes :

• Charlène est asthmatique, a des problèmes psychologiques depuis son enfance, elle vient d'une famille de 4 assez stricte mais somme toute normale, a la chance d'aller dans un collège des plus select de Paris. Pré-ado elle a une crise "goth", elle enchaîne les bars et les rencontres "douteuses", fume cigarette et cannabis (et tout ça en cinquième, si si, on se croirait dans un remake de "Moi Christiane F., 13 ans droguée et prostituée", la prostitution en moins). Elle est complexée, se trouve laide et tout le bazar, du coup, reste très renfermée sur elle.


• Sarah vit dans le XIIe avec sa mère, qui enchaîne des conquêtes d'un soir, dans un petit appart. Elle est jolie, mature, parle-bien, subjugue tout le monde. Elle est la représentation typique de l'ado hype, du genre alpha. Madame couche avant tout le monde, madame est libérée, a plein de copains, va en vacance sur les côtes, pleins d'amis, sors avec sa mère, bref.
  Bon, je passe sur l'ex meilleure amie de Charlène qui est anorexique, on se croirait à un meeting de tumblr.

Tout le scénario de manipulation-soumission est mal fait, on n'y croit pas du fait des personnages tellement creux qu'on croirait être face à des morts-vivants, de l'environnement, des dialogues même qui sont risibles (et du niveau d'une ado de 17 ans, somme toute). On ne comprends rien à Charlène, qui est l'héroine et la narratrice, c'est un comble. Pourtant, il arrive que parfois, dans un éclair de lucidité de l'auteure, il y ai un vrai truc dans ce qu'elle raconte. On arrive à de rares moments à toucher à quelque chose de très vrai et à une sensibilité parfaite. Mais c'est tellement anecdotique que ça rend le tout d'autant plus triste. Charlène apparaît tour à tour comme une maniaque, une victime, une obsédée sociopathe mais au final elle n'est RIEN, qu'un amas qui ne dit rien, ne mène à rien, n'explique rien, qui dit des choses sommes toutes banales, le genre de monologues qu'on retrouve sur skyrock.

Il n'y a aucune dimension littéraire à Respire, c'est très mal écrit : "je fais des phrases banales, parfois je place un mot un peu plus compliqué ça fait bon genre". Il y a une foule d'incohérence, de choses qui rendent la lecture tout sauf fluide, par ex :
-Charlène dit que pendant plusieurs mois suivant la rentrée elles ne se sont que très peu parlées etc. S'en suit quelques pages centrées sur ces quelques mois. Et là, un paragraphe qui débute par "un jour, en octobre". Le retour en arrière n'avait pas sa place, j'ai buté dessus et c'est chronologie boiteuse m'a gênée plus d'une fois.
- Une personne ne peut pas être rousse, elle doit être "paprika". Il y a TOUT LE TEMPS des petits adjectifs comme ça, pour changer des mots trop basiques je suppose, c'est vrai qu'avoir les yeux gris c'est pas assez hype, faut être "anthracite". C'est vraiment très maladroit.
- Des précisions qui ne servent à rien. Des points inutiles sur lesquels Anne-Sophie Brasme appuie trop longuement. C'est fatiguant, ça sert à rien.
- Les dialogues, j'en parlais (heureusement, ils sont peu nombreux) :
"Mais tu as vu sur quel ton elle t'a parlé hier soir ? Et toi, tu tolères ça ?
- C'est ma meilleure amie.
-Et ça lui donne le droit de te traiter comme ça, tu crois ?
-Oui.
-Je ne te comprends pas. Tu es bizarre comme fille.
[...]
-En tout cas, je ne pensais pas que Sarah était comme ça, je dois dire que ça nous a toutes choquées, la façon dont elle t'a rembarrée devant nous. Tu ne devrais pas te laisser faire. C'est une petite garce, tu sais."

Donc un point épineux, LE COEUR DU PROBLEME, le rapport entre les deux filles vues par un regard extérieur, est traité de cette façon là. Et ce sera ainsi tout du long.
L'écriture en elle-même n'est pas mature, et ça se ressent. Je pense que cela ne peut réellement être apprécié que par des jeunes de l'âge qu'avait A-S BRASME quand elle l'a écrit, sinon... je vois pas.

Du reste, le film Respire est merveilleux. J'ai commencé par le film, et c'est peut-être là qu'à été mon erreur. Mais alors que ce film est une pépite, le livre est une réelle déception. Respire le film avait réussit à traité de la question des rapports adolescents d'une façon très mature et délicate, et c'est précisément ce qui manque au livre.