Suite presque digne du magnifique roman "En l'absence des hommes", le livre nous fait retrouver Vincent, le narrateur, sept ans après.

Sept ans après et le deuil n'est pas fait, sept ans après et juste une fuite. Sept ans après et l'on retrouve un personnage dépourvu de toute sa fraîcheur, de ses illusions, de sa furieuse envie de vivre. La vie s'est accrochée à lui plus qu'il ne s'y est accroché, semble-t-il. Persuadé que son bonheur n'a duré que sept jours, qu'il n'y en aura plus, il semble vivre dans ses souvenirs alors qu'il fuit tout ce qui lui rappelle de près ou de loin qu'il n'y en aura plus d'autres.

En exil jusque chez lui quand il finit par y retourner, Vincent n'est jamais plus seul que lorsqu'il est au milieu des autres, de ceux qui ont avancé sans lui, de tous ces gens qui semblent presque avoir oublié la guerre, cette guerre si terrible qui lui a tout pris. Puis à une table de bar il y a cet autre, cet autre qui réunit parfaitement les deux êtres chers perdus par Vincent, cet autre qui le cherche, cet autre qui, enfin, après tant d'années sans rien ressentir que les émotions du passé, le touchera.

L'écriture nous porte, l'écriture sauve le livre. Je reprochais déjà une pointe de romanesque à la fin du premier opus, ce n'est rien en comparaison avec celui-ci. La deuxième partie du livre, constituée d'errances, me semble un peu fausse, un peu "fouilli", pas assez travaillée, peut-être. De clichés en aperçus trop brefs, on ne parvient pas à saisir où l'auteur a voulu nous emmener. Peut-être était-ce le but, peut-être voulait-il nous faire vivre ces passages comme Vincent les a vécus : absent, hors de lui-même.

Un beau roman tout de même qui parle du deuil avec justesse, ce deuil qui nous enferme dans notre solitude, incapables de s'ouvir à ceux qui tendent la main. Incapables, même, de voir ces mains tendues. On voit ici comment Vincent parvient, ne serait-ce qu'un peu, à s'ouvrir. Et alors il peut commencer à penser à un après. Il n'est pas question de blessure qui va se refermer, une telle blessure ne guérit jamais. Il est simplement question, même s'il faut boiter, d'accepter de vivre encore.
Nomenale
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le 26 avr. 2013

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Nomenale

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