Ce livre, je n'en ai lu aucun autre comme celui-ci. Seuls, c'est un genre à part entière, une longue mise à nu de la part des protagonistes. Une oeuvre qui se lit d'une traite presque, sans aucun dialogue à proprement parler, tout est dans la description, l'explication de vies qui s'entremêlent et se lient, presque malgré elles.


Tout commence quand Pauline revient dans la vie de Tony, pour lui, la peur des retrouvailles est énorme face à son amie d'enfance qui est désormais une femme et que Tony n'a cessé d'aimer depuis leur rencontre. Petit à petit, l'auteur nous enfonce dans un silence sans nom, grâce au fait qu'il n'y ait pas de dialogues, silence qui représente la solitude de Tony, personnage au coeur de l'oeuvre. Ils se retrouvent, comme avant, comme des frères et soeurs. Malgré tout, l'exil de Tony est toujours présente, elle reviendra dans une deuxième partie qui s'ouvre au moment où Pauline déménage pour retrouver Guillaume.


Contre toute attente, Tony est brisé, il disparaît après une visite rendue à son père où il lui apprend tout, son histoire avec Pauline, ses sentiments pour celle-ci. Le père, narrateur, décide de trouver Pauline, afin de comprendre pourquoi son fils est parti. Tout s'enchaîne, irrémédiablement, jusqu'au coup final, qui clôt cette tragédie. C'est un peu comme ces tragédies grecques, on connaît l'issue, on est impuissant face aux évènements qui se déroulent sous nos yeux. On suit péniblement ce désespoir qui ne cesse de s'accroître au fil des pages, l'appartement de Tony qui, au début est une sorte de sanctuaire à l'effigie de Pauline, de l'amour même. De ce besoin d'être aimé mais également de ne pas vouloir l'être, cette répulsion que ressentent les êtres, parfois, face à l'autre. Ce même appartement qui quelques pages plus loin n'est plus que l'ombre de son résident. Un lieu sombre, caché de toute lumière, qui pue le tabac froid et le renfermé ainsi qu'un clic-clac désormais toujours déplié.


Ce qui est au coeur de ce roman, c'est la fragilité des êtres, le désir qui mène à la folie. J'ai cependant eu un peu de mal parfois, à suivre les changements de narrateur, je me retrouvais deux pages plus loin à me dire "Ah oui, c'est ce personnage-là, ah bon d'accord", j'avoue que j'aurais aimé plus d'indications pour que ma lecture soit un peu plus fluide. Il faut être concentré pour le lire, car, bien qu'il soit petit, l'auteur fait énormément de phrases très - très - longues, par moments, je devais m'y reprendre à deux fois pour certains passages.


Excepté ce petit défaut, j'ai été entraînée par ce roman, célébration de la solitude, de la peur et de l'errance. Ce livre, c'est la passion qui se mêle à la répulsion de l'autre, de soi. Il nous parle, nous raconte une seule et même histoire contée par plusieurs narrateurs. Parfois on perd le fil, mais c'est pour mieux retrouver ces phrases magnifiques, lyriques et si puissantes, qu'on ne peut passer à côté de cette histoire.


Mon avis est en intégralité sur mon blog : http://allaroundthecorner.blogspot.fr/2015/03/le-coin-des-libraires-14-seuls-de.html

Critique lue 499 fois

D'autres avis sur Seuls

Seuls
ALIQUIS
7

Critique de Seuls par ALIQUIS

Une belle histoire d'amour contrariée. Beaucoup de nuances et de d'intelligence dans la peinture des personnages et la construction de l'intrigue. Un roman très agréable, vite avalé.

le 26 févr. 2013

Du même critique

Moi, Christiane F, la vie malgré tout
Angélique_Caillaud
8

Le Coin des Libraires - Moi, Christiane F., la vie malgré tout de Christiane Felscherinow

C'est l'année dernière que j'ai entendue parler de cette suite, lors d'un article pour le magazine Le Monde. J'étais trop contente, j'allais enfin connaître la suite de ce livre qui m'a tant...

le 15 oct. 2014

5 j'aime

Nos étoiles contraires
Angélique_Caillaud
5

L'Avenue du Cinéma - #6 Nos étoiles contraires

Dès le début on sait quel sera le destin de nos deux protagonistes, Hazel & Gus, destin forcément tragique. Hazel Grace est atteinte d'un cancer de la thyroïde au stade 4, autant dire qu'elle n'a...

le 5 oct. 2014

3 j'aime

Shutter Island
Angélique_Caillaud
8

Shutter Island ou un thriller psychologique sans pareille ?

L'histoire commence avec le personnage de Chuck - Charles -, celui-ci explique son besoin de raconter ce qui s'est passé sur l'île, afin d'en avoir une trace. Une fois passé les trente premières...

le 17 juin 2015

2 j'aime