Tim Burton
7.6
Tim Burton

livre de Tim Burton ()

En 2009 se tenait une exposition au Museum of Modern Art de New York consacrée à Tim Burton, qui devait voyager à Melbourne, Toronto puis Los Angeles, pour terminer sa course en 2012 à la Cinémathèque française, à Paris. Cette dernière occurrence ne possédait pas tout à fait l'ampleur de l'originale, les salles d'exposition de la Cinémathèque n'offrant pas énormément d'espace. Cependant, 700 œuvres y étaient présentées. Essentiellement des dessins, mais aussi des photographies, tableaux, extraits de films, des figurines de grand format représentant des créatures hybrides, parfois issues de "La triste fin du petit enfant huître" et "Stain boy", quelques éléments de décor, les têtes modelées de Pierre Brosnan et Sarah Jessica Parker tout droit venues de "Mars attacks" et le costume d'Edward aux mains d'argent, entre autres. Bref, de quoi enthousiasmer les fans du réalisateur et leur permettre de s'immerger dans son univers (pas suffisamment, selon moi, mais ce sentiment était certainement dû au manque de décors et de costumes; j'ajoute que si j'apprécie l'univers de Tim Burton, je ne fais pas partie des fans en question).


Maintenant, voyons en quoi consiste cet ouvrage qui s'intitule officiellement "Catalogue de l'exposition". Il s'agit en fait d'une version française de l'édition originale du MoMA de 2009, et cela malgré les différences de contenu des deux expositions. On nous présente donc deux très courts essais (environ cinq pages chacun) concoctés par les deux commissaires d'exposition du MoMA. Celui de Ron Magliozzi, intitulé "Tim Burton : la gymnastique de l'imagination" s'intéresse plutôt au dessin, à l'influence qu'ont eu la banlieue de Burbank et son conformisme sur l'évolution de l'artiste et, enfin, à ses rapports avec le mouvement du Low brow (ou Pop surréalisme, terme davantage usité en France). C'est ce dernier aspect qui m'a le plus intéressée dans le texte de Magliozzi, sans doute parce que j'affectionne particulièrement des artistes comme Jessica Harrison ou Mia Mäkilä, qui possèdent effectivement des points communs avec l'univers de Tim Burton - à ma grande honte, j'avoue n'avoir jamais fait le rapprochement auparavant. Cependant, cinq pages, c'est court, et le sujet aurait sans doute gagné à être approfondi. le second essai, "Un auteur pour tous les âges" de Jenny He, étudie lui l’œuvre cinématographique de façon assez classique , en abordant par exemple, plutôt superficiellement, les thèmes du héros solitaire et hors normes, la dualité de sa personnalité, la dichotomie entre le monde "normal" et ennuyeux et le monde farfelu et coloré de l'imaginaire et des marges. Là encore, c''est court. On aurait apprécié, soit deux essais plus longs et plus fouillés, soit plus d'essais (les sujets, après tout, ne manquent pas). Soit un peu de tout ça en même temps.


Quid, à présent, des sept cents œuvres de l'exposition, dont l'on s'attendrait naturellement à retrouver l'intégralité des reproductions, ou, tout au moins, une très grande majorité, dans un catalogue digne de ce nom ? Vous n'en verrez, mes chers, qu'une sélection, à savoir soixante-quatre. Je le réécris pour ceux qui penseraient avoir mal lu : soixante-quatre. Sur sept cents. C'est-à-dire, en gros, 9% du total. Pas de reproduction des petites têtes de Jack Skellington issues de la technique image par image si chère à Tim Burton et mise en œuvre dans "L'étrange Noël de Monsieur Jack", pas de costume d'Edward, pas d'horrifique épouvantail à tête de citrouille, pas de reconstitution de la scène sanglante dans laquelle apparaît la figurine de Stain Boy, etc., etc. J'appelle ça purement et simplement du foutage de gueule. D'une part, ça veut dire, étant donné la très stricte interdiction de prendre des photos dans l'exposition de la Cinémathèque française, que vous n'avez aucune chance de retrouver une trace compète de ce que vous y avez vu, si vous vous y êtes rendu. D'autre part, ça signifie que les personnes qui n'ont pas eu la chance de visiter l'exposition n'auront jamais aucune idée de ce à quoi elle ressemblait : en effet, aucune photo de la scénographie n'est visible dans l'ouvrage. Enfin, dans n'importe quelle autre exposition, on appelle une publication de ce format, qui propose uniquement une sélection de reproductions, un "album", pour bien faire la distinction avec le catalogue proprement dit. Et il vous en coûtera environ 9 €, et non, 14,95 €, comme c'est le cas ici.


J'ignore en quoi consiste la politique de publication de catalogues du MoMA. Je sais en revanche que la Cinémathèque s'était déjà distinguée, lors de l'exposition consacrée à Kubrick, en proposant à la vente un catalogue de 304 pages et à 32 €, certes (comme quoi, quand on veut, on peut), mais uniquement en anglais et en allemand. Bien sûr, le musée d'Orsay s'est déjà adonné à ce genre de pratique, notamment pour l'exposition "Une ballade d'amour et de mort", mais ce n'est franchement pas un exemple à suivre ! Alors oui, j'ai retrouvé dans ce catalogue certains dessins que j'avais aimé dans l'expo. Mais c'est loin d'être suffisant et j'ai comme l'impression que le MoMA et la Cinémathèque française prennent les gens pour des cons.

Cthulie-la-Mignonne
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le 25 oct. 2015

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