Le Livre de Tobit est, dans l'édition de la Bibliothèque de La Pléiade, le premier livre retenu pour constituer le groupe des "Deutérocanoniques". Ce groupe est constitué de livres dont on n'a pas de texte en hébreu, mais seulement la version grecque. Ces livres ne sont donc pas "canoniques". Ils intègrent des éléments de croyances et des sensibilités religieuses et magiques émergeant de la culture populaire, et qui peuvent être en porte-à-faux avec une lecture stricte de la Loi.
L'histoire de Tobit (c'est le père, aveugle) et de Tobie (c'est le fils, fiancé de Sara - ne pas confondre !) est constituée d'une série d'anecdotes édifiantes, parsemées de détails folkloriques et merveilleux, pour engager les juifs à pratiquer la Loi, à faire l'aumône, à prendre soin des malades et des morts, à recourir à la prière dans les épreuves. C'est la morale en action, telle qu'on la rencontre dans la Haggadah (tradition anecdotique de la littérature talmudique).
L'insertion de ce livre dans la Bible s'explique à la fois par sa valeur pédagogique (respecter les règles religieuses au quotidien) et par sa popularité chez les Juifs (même motif qui a valu à l' Ecclésiaste d'entrer dans le corpus).
De fait, on insiste sur la piété exemplaire de Tobit, on intègre des éléments magico-folkloriques ( vertus thérapeutiques ou miraculeuses du coeur, du foie et du fiel d'un poisson, qui vient carrément se jeter dans les bras de Tobie); intervention directe d'un ange (Raphaël en personne !), et fondation d'une angélologie et d'une démonologie qui seront développées ensuite sur tous les modes, du plus savant au plus populaire: Raphaël et Asmodée apparaissent dans le récit.
La narration, vive, naïve et simple, confirme l'appartenance de ce récit au genre des contes populaires.