Trial by Fire
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Trial by Fire

livre de David Grann (2009)

Trial by Fire relate une erreur judiciaire et le pire, c’est que ce long article donne une impression de déjà lu… Une façon de lire un tel texte consiste à s’indigner. Quelle honte ! Il y a vraiment quelque chose de pourri dans l’État du Texas ! On peut aller plus loin, et rechercher l’ensemble des facteurs qui ont mené à l’injustice. Ici, comme souvent, des experts qui n’ont de spécialistes que le nom et à qui les juges accordent une confiance aveugle ; un avocat loin de croire dur comme fer à l’innocence de son client ; un contexte social et familial qui fournit facilement un mobile ; le fait que « la mémoire des événements perçus par les témoins se modifie souvent quand on leur donne de nouvelles informations contextuelles » (p. 46) ; des informateurs qui n’ont pas d’intérêt à ne pas mentir… Là encore, pas grand-chose de nouveau sous le soleil.
Avec de telles lectures, la question de la littérature ne s’est jusque là pas encore posée. Or, s’il faut lire Trial by Fire comme l’article de magazine qu’il est (un travail informatif qu’on jette, voire qu’on oublie une fois consommé), on peut le lire comme le livre qu’il est aussi (un travail littéraire qu’on conserve, voire qu’on relit). Qu’apporte alors la plume de son auteur, une fois admis le fait qu’attirer l’attention du public sur une telle affaire n’est pas un travail de plume ?
Comme dans ses autres ouvrages, David Grann a le mérite de ne pas en faire des tonnes, de limiter ses effets. C’est tout juste si on trouve quelques formules fortes en fin de chapitre (« Elle me dit : “Et si Todd était vraiment innocent ?” » (p. 62) ; encore n’y a-t-il que cinq chapitres, et manifestement voués à aérer la lecture plutôt qu’à faire naître un suspense artificiel. Pour le reste, l’ensemble est structuré de façon à tenir le lecteur en haleine sans lui donner seulement envie de connaître le fin mot de l’histoire : il comporte assez peu de ces redondances démonstratives qui émaillent plus d’un texte du genre.
Bien sûr, cela reste un peu léger. On peut reprocher aux livres de David Grann de trop se reposer sur leur sujet. On peut aussi leur reconnaître le mérite de ne pas le saboter.

Alcofribas
6
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le 31 oct. 2018

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Alcofribas

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