Recueil de proses poétiques, souvent pertinentes, dans la lignée de ses précédents livres.
L'auteur concentre son attention sur le vivant : oiseaux et quadrupèdes, arbres et fleurs, êtres humains vivants ou morts. Il médite sur la vie et la mort, le temps et l'âge, des écrivains et des artistes. Il n'évite pas toujours la banalité.


"Le temps se chasse comme une mouche. La fenêtre grande ouverte donne sur l'éternel. Il n'y a jamais eu qu'un seul jour."


"J'ai dans la poche un exemplaire des Pensées de Pascal. J'emporte parfois ce livre en cas d'attente, de famine ou de guerre trop longue quelque part. Je sors le livre de ma poche, je lis en marchant : "Nous ne pouvons aimer que ce qui, en nous, n'est pas nous."


"Savoir qu'on est vivant est tout savoir."


"Ce matin j'ai assisté derrière la vitre à un opéra silencieux de geais, si beau que, pendant quelques minutes, il eût été sacrilège d'écrire ou même de penser."


"Nous ne disposons que d'une seconde pour voler à la vie les bracelets de lumière qui tintent à ses poignets."


"Je vois parfois des choses si belles que je me réjouis de ne pas les posséder."


"Chaque jour est une lutte avec l'ange des ténèbres, celui qui plaque ses mains glacées sur nos yeux pour nous empêcher de voir notre gloire cachée dans notre misère."


"Les miracles n'aiment pas qu'on les vérifient."


"Puisqu'on ne sait jamais rien, autant donner notre confiance et être comme Dieu, aveugle."


"Le cordonnier Jakob Boehme en 1600 regarde un vase d'étain sur lequel le soleil brise un de ses rayons : le vase, sans quitter le royaume de ce monde, se trouve soudain sur une étagère du paradis. Cela ne dure qu'un instant. Cet instant fait de Boehme un voyant qui passe le reste de ses jours à écrire sur ce Dieu fou qui provoque nos ravissements les plus subtils."


"Ouvrant L'imitation de Jésus-Christ traduite du latin par Corneille je réveille cette phrase : "La vie est un torrent d'éternelles disgrâces." L'allégresse paradoxale de son ton éclabousse de bonne humeur ma journée à venir."


"Tous les airs se démodent - pas les chants d'oiseaux."


"Une montagne de découragement s'élève devant moi, je cherche le chemin de contrebandier qui permettra de la franchir."


"Le ciel donne à ses éloignés des pourboires royaux. Je n'ai pas besoin d'aller au bout du monde. J'y suis et tout s'y révèle immense."


"Je veux bien plus que ce que veut la jeunesse dans sa sainte démesure. Je veux qu'assez de bleu rentre dans mon cœur pour que chaque jour y plane l'épervier d'or."


"Nous usions du temps comme si nous allions toujours l'avoir à notre disposition. Au fond l'éternité nous est acquise. Nous le sentons et ce n'est pas la plus petite contradiction de la mort qui nous fera voir les choses autrement."


"Atteindre ce point où l'écriture devient naturellement surnaturelle."


"Un jour nous comprendrons que la poésie n'était pas un genre littéraire mal vieilli mais une affaire vitale, la dernière chance de respirer dans le bloc du réel."


"C'est parce que chacun cherche à tout prix à souffrir le moins possible que la vie est infernale."


"Les feuilles du chêne tombent, le nid du geai apparaît. Vieillir est une illumination."

Créée

le 30 avr. 2016

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