Passage à vide ?

Tiens ? Un Sagan raté... Enfin, pas vraiment raté mais franchement moyen. Avec un tel pitch (dès les premières lignes, on plonge dans le bain : le héros apprend qu'il a un cancer du poumon et qu'il ne lui reste plus que six mois à vivre), il y a de quoi s'attendre à quelque chose d'un peu profond, quand même, d'un peu sentimental, quoi. On se dit qu'on va suivre le dénommé Matthieu jusqu'à la fin, une fin inéluctable. On se dit que lorsqu'on refermera le livre, on aura grave les boules, on aura envie de chialer. On se dit que le sujet colle tellement bien avec Sagan que ce ne pourra être que bon.
Eh bien non. C'est aussi bien écrit que d'habitude, certaines phrases font mouche, mais le problème se situe ailleurs. Sagan a choisi de nous faire partager une journée, une seule petite journée de l'existence de Matthieu : celle où il apprend sa maladie. Point. On suit alors le cheminement de sa pensée, car c'est bien compréhensible, c'est un petit peu la panique dans sa tête durant ces quelques heures ! Mais justement, il remet tout en cause tellement rapidement que je n'ai pas trouvé ça très crédible. On le voit annoncer la nouvelle à son entourage, on scrute, comme lui, les diverses réactions de sa femme, de sa maîtresse, de ses amis, des inconnus. Et en y réfléchissant, le roman se résume à ça : on est déçu du peu de violence, de tristesse, d'abattement, d'émotions que nous propose Sagan, elle d'habitude si douée pour les transmettre lorsqu'elle parle d'amour. J'ai presque envie de qualifier ce livre de frivole, surtout quand survient ce twist final grossier, car repérable à des kilomètres quand on connaît un peu le cynisme de la dame. Twist que je ne révélerai évidemment pas, mais rien que le titre du bouquin peut vous mettre sur la voie. Quoi qu'il en soit, plutôt que de chagrin de passage, il est surtout question d'un passage... à vide !